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128                  LA GAZZETTE FRANÇOISE.
mesuie un célèbre philosophe dans Aulu-Gelîe, la louange de la
(iebvre-eartaine (qui serre les oreilles aux asnes...)
   « Que doit donc attendre celuy qui, ayant veu à l'ouverture
de ce livre le mot Gazzette, qui n'est autre chose que nouvelles
et advis sans suite ny sans ordre, selon que le temps les produit
et quelquefois (a fanlasie, voudrait néanmoins y voir observer
jes parties et perfections cosmographiques? »
    Malgré l'incontestable talent dont Allard a l'ait preuve dans
les portraits et la narration principale de son ouvrage, il semble
tout étonné d'avoir osé lui donner le jour ; et, pourtant, combien
de livres de cette époque sont recherchés par les bibliophiles
qui, certes, sont loin d'atteindre au mérite de la Gazzette. En
isolant l'action principale de tous les accessoires fort inutiles qui
l'embarrassent et lui nuisent, il reste un récit fort amusant,
même sans que l'on en puisse saisir le sens allégorique. Il serait
bien difficile, en effet, de dire aujourd'hui ce que c'est que le ca-
pitaine Gendarme et le capitaine Poignant, les héros principaux,
qui se disputent la possession d'un certain château       deïffeurton,
situé dans le voisinage de Saint-Etienne. Ce château de FHeurton
nous est tout aussi inconnu que l'était sans doute aux contem-
porains de Rabelais l'abbaye de Thélèmes. Il est peu probable qu'on
retrouve la clé de ces noms et de ces récits macaroniques qui, évi-
demment, font allusion à des faits et à des personnages dont
nous ignorons complètement aujourd'hui même l'existence.
    Il est temps de donner la parole à Marcellin Allard.
   «C'est icy non seulement une forme desaugrenéeou        pot-pourri.
 contenant toutes sortes d'instructions, et de discours agréables eu
leur diverse variété,et riches en leur recherche curieuse : mais l'his-
toire admirable d'une guerre faite à tout rompre, la plus estrange,
la plus extrême, la plus sanglante, la plus cruelle , la plus exor-
bitante , la plus tonnante , estonnante, pressante, pesante, brû-
lante, brillante, qui le plus a esté tendue, estenduc, entendue...
 Je vous descriray la fortunée fortune, et la fortune infortunée de
 Gendarme ; les hardies hardiesses et les hardiesses hardies de
  Poignant, deux capitaines avantureux au pair de l'avanture
 mesnie, qui ont éternisé leur mémoire par la surprise et reprise .