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124                  LA GAZZETTE FKAîiÇOISK.
en fronçois Ualianizé de Henry Estienne eu fout foi. L'espagnol
ne fut de mode qu'aux dernières années des guerres de religion,
au temps de la ligue. Il acquit alors une influence marquée sur notre
langue, mais ne contribua à lui donner du nombre et de l'ampleur
qu'au commencement du XVIIe siècle, surtout dans les œuvres
de Théophile, de Mme de Motteville et de Balzac.
   La connaissance qu'AUard avait de l'italien et de l'espagnol
n'est donc pas une preuve irrécusable qu'il ait parcouru l'Es-
pagne et l'Italie.
   Il est facile de voir, en lisant la Guzzetle, quels furent les au-
teurs favoris de Marcellin. Son style qui manque essentielle-
ment d'unité subit tour à tour l'influence des bons vieux maî-
tres de l'école gauloise, et celle, plus malheureuse, des préten-
dus rénovateurs de notre langue. Il est pénétré d e l à sève de
nos vieux conteurs, il a parfois leur allure prompte, vive et pi-
quante, mais il atteint rarement leur tour naïf, leur sobriété et leur
gracieux nonchaloir. Ce n'est pas à dire pour cela qu'AUard n'ait
pas d'esprit, il en a beaucoup et parfois du meilleur ; s'il est en
verve, il peint, avec une vigueur et un grotesque dignes de Te-
niers, un personnage ou une scène ridicule. Son poème bur-
lesque, à la manière de Folengo ou de ïassoni, interrompu cent
et cent fois par les citations les plus extravagantes et les pro-
verbes les plus disparates avec le sujet, pèche par l'invention :
mais ee défaut est bien racheté par la finesse et l'infinie variété
du détail. Pour en donner un aperçu, nous l'avons dégage de
tous les dictons et de toutes les citations parasites qui l'obstruent
et l'etouffent, nous en avons même élagué certains passages, en
essayant de souder avec soin ces diverses parties disséminées
dans l'œuvre. On sera étonné parfois, même après avoir lu les
meilleurs écrivains du XVIe siècle, de la richesse de style et de
la verve de Marcellin AHard, de son talent comme peintre, et
de la rondeur toute gauloise de son esprit. Malheureusement, il
faut chercher le filon, à travers mille embarras et mille obstacles.
C'est pour cela sans doute qu'AUard n'a pas survécu. Le Tabourol
et le Guillaume Bonchet, alors très en vogue, l'emportent trop
souvent, dam la Gazzeitc . sur le Bonaventure Des Périers. Ce