Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
68                       COL'P-U'OElf,

principes. On revint h Corneille et à Racine îles que les pas-
sions qu'ils savent si bien rendre furent dignement inter-
prétées sur la scène, c'est-à-dire dès que M"e Rachel eut
conscience de son talent. « Quelques hommes de goût, dit-il.
commencèrent à soupçonner une renaissance de la littérature
classique. Le public courut sur leur parole au théâtre pour
vérifier le fait. Une jeunefillede dix-sept ans qui avait passé
son enfance dans la condition la plus infime de la société,
se trouvait être une princesse de Racine et une héroïne de
Corneille... Où donc cette jeune fille avait-elle deviné le se-
cret de la grandeur royale? qui donc lui avait donné cette
dignité de maintien, ce geste qui commande, celte physio-
nomie qui impose, celte voix qui règne? Demandez à celui
qui jette souvent, dans le coin écarté d'une forêt inconnue,
une de ces fleurs naturelles qui ravissent de leur éclat et em-
baument de leur parfum le promeneur solitaire. Heureuses
les intellignces qui ne profanent point ces dons précieux ! »
Au premier rang de ces hommes de goût dont il est question
ici, était M. Jules Janin qui, non seulement a su protester
contre les innovations du théâtre, mais encore a eu le mé-
rite de révéler à MIle Rachel elle-même ce qu'elle pouvait et
devait être.
   Parmi les tableaux que M. Nettement nous met sous le«
yeux, il en est un qu'il a Iracé avec une prédilection mar~
quée ; c'est, dans la personne de M. Beiryer, l'idéal de l'é-
loquence ornée de toute sa grâce et armée de toute sa force.
Comme orateur politique, M. Berryer n'a été chez nous
surpassé par personne, et son portrait pourrait être encore
plus beau sans être flatté. Rien n'égale l'enthousiasme de
l'écrivain quand il nous peint le célèbre avocat défendant.
Louis-Napoléon après l'affaire de Boulogne, devant la Cour
des Pairs, le 30 septembre 1840. Vous voyez l'orateur dé-
ployer avec une verve incomparable toutes les ressources de