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18 RAPPORT son caractère, son génie propre qui se traduit dans ses mœurs, dans ses goûts, qui se révèle dans ses idées, dans ses œuvres. Toutes obéissant à la loi du progrès, s'effor- cent de polir leurs moeurs , de perfectionner leurs arts, d'augmenter la somme de leurs connaissances. Mais pour réussir dans cette œuvre sublime, pour avancer toujours dans leur marche vers ce but suprême, il ne faut pas qu'elles s'isolent, que leurs frontières se ferment ; autrement, comme un homme réduit a ses propres forces, elles ne tardent pas a s'arrêter dans la route, et sont condamnées à s'agiter, à tourner dans un cercle d'idées qu'elles paraissent impuis- santes a franchir seules. C'est que la perfectibilité n'est pas dans l'individu, mais dans la société; elle n'est pas dans la nation, mais dans l'humanité. C'est dans les rapports des peuples entre eux, dans leur alliance, leur association, c'est dans la combinaison de toutes leurs forces, que résident les conditions nécessaires du perfectionnement. Pour amener l'esprit humain a produire tous ses fruits, ce n'est pas un champ, mais le sol entier de l'intelligence qu'il faut remuer. Voilà ce que se proposent les expositions universelles. En réunissant ainsi les produits enfantés par le génie particulier de chaque peuple, on ouvre à chacun des perspectives nou- velles qui élargissent le cercle de ses efforts ; les idées émanées d'individualités distinctes, comme des plantes nées dans des sols, dans des climats différents, en se rapprochant, s'unissent, se pénètrent, se fécondent, et cette union pro- duit des fruits qui renferment les germes de progrès certains. Ces luttes pacifiques de peuple à peuple ne sont donc point une simple affaire de curiosité ; ce n'est pas davantage une vaine question d'amour-propre ; il ne s'agit point d'établir la prééminence, la supériorité d'une nation sur une autre. C'est la civilisation universelle qui est en jeu. Si des palmes sont données, elles forment, il est vrai, un titre de gloire pour la