page suivante »
BIBLIOGRAPHIE. 327 coup d'art, par exemple, à dire qu'il faut éloigner des claies où le ver à soie se nourrit et se transforme, tous les fléaux, tous les animaux nuisibles, el il désigne spécialement le rat. Appréhende le rat : ce cruel parasite .Se tapit sourdement dans le creux qu'il habite; Mais, vers l'heure où la cendre étale un voile épais Sur le foyer mourant, quand tout sommeille en paix, Le féroce animal, qui tombe sur sa proie, Dans son antre profond la dévore avec joie. Oppose à ses fureurs un satellite actif; Qu'entraîné dans un piège il y tombe captif, Ou, présentant l'amorce à son instinct vorace, Qu'un trépas mérité frappe une indigne race. Que la ronce à ton peuple offre de toutes parts Son invincible glaive et ses fermes remparts ; L'ennemi, qui ne peut se soustraire aux épines, Arrosera de sang ses nocturnes rapines. M. Bonafous a rendu, par un nombre de vers à peu près égal, les quinze vers du texe, mais il est impossible de transporter en français tout le bon- heur d'expressions et d'images, ces jolis riens qui font le mérite du passage dans Vida. Il y a encore un charmant tableau d'un genre gracieux, celui du bom- byx, rompant sa prison soyeuse et s'élançant dans les airs, joyeux et gentil papillon tout ébahi de sa nouvelle existence. L'auteur et le traducteur ont fait usage là de toutes leurs forces. Vida publia le Bombyx en 1527, cinq ans avant qu'il fût promu à l'éveché d'Albe, où il se fit remarquer par beaucoup de vertu et de charité jusque dans une vieillesse avancée. Son poème fut souvent réimprimé, et notamment à Lyon, chez notre Gryphe, en i536, avec les autres œuvres de l'auteur. Vida, je l'ai déjà dit, savait presque tout ce que nous savons aujourd'hui sur l'éducation du ver à soie, et plus d'une prétendue nouveauté se trouve par lui indiquée. M. Bonafous désigne notamment l'emploi du crible adopté de nos jours par un grand nombre de cultivateurs, à l'exemple de M. Camille Beauvais, notre compatriote. On peut consulter les vers 83-go du second chant. La même recette se trouve dans un livre chinois que cite M. Bonafous. Le poète Vida exige avec instance que les divers ministères de l'éducation du bombyx soient confiés aux jeunes filles. Puisque c'est aux femmes qu'en définitive revient le plus bel honneur du ver à soie, il veut qu'elles prennent soin de son enfance et de ses laborieuses métamorphoses. Et d'abord, elles ne doivent pas rougir de réchauffer l'œuf du bombyx sur leur sein de rose : Tu coude sinu velaminc tecta, Nec pudeat roscas inter fovisse papillas, Si te langit honos et flavi gloria fili.