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198                      LOUISE LABË.

saientdes vers à leurs heures de loisirs et se donnaient tout le
relief et le mérite de la grande poésie. Leurs œuvres occupent
encore des volumes que l'on consulte quelquefois, que l'on ne
lit jamais en e n l i e r . ^ ^
    Ainsi l'art se prépare et suit des évolutions successives
souvent dans le même auteur, et nulle part ce progrès n'est
plus manifesté que dans les sonnets de notre poète. Aussi es-
pérons-nous que le lecteur nous pardonnera d'étudier ainsi
à la loupe ses productions. Peut-être, nous le sentons
nous-mêmes, y a-t-il quelque inconvénient à accuser jus-
qu'aux moindres nuances dans un sujet, qui veut être pris
d'ensemble; L'analyse flétrit et dissipe certaines beautés dé-
licates, qui sont avant tout une affaire d'impression et de sen-
timent. Une tête qui s'élève aux proportions de la statuaire
doit se passer des frivoles embellissements du pastel. Mais
par cela même qu'il s'agit ici d'un nom qui a conquis sa place,
qui a reçu la consécration de plusieurs siècles, il est permis
peut-être d'insister sur les moindres détails propres à moti-
ver un jugement sur sa valeur littéraire ; et ce qui cesse d'être
intéressant comme critique littéraire, conserve encore un
genre d'utilité comme recherche bibliographique.
   Aussi, dès le huitième ou neuvième sonnet de notre auteur,
la phrase poétique commence à être plus large, la science du
vers plus étendue, l'analyse de la passion plus subtile et le
mouvement plus marqué à chaque vers. Le treizième a été
loué avec raison comme un chef-d'œuvre de sentiment et
d'expression. C'est dans les sonnets qu'elle a essayé les di-
vers Ions de sa lyre, interrogé le clavier d'une ame expansive
et tendre, et varié le rhythme de son inspiration. On aime à
suivre toutes les modulations du poétique instrument. Un
souffle plus plein, un son plus développé, une phrase plus
accentuée, accuse la pénitude de ce sentiment qui, arrivé à
sa plus haute expression, ne peut que décroître pour s'ex-