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                      SUR L'ÉGLISE DE BROU.                         167

d'Autriche et Conrard Meyt, pour la sculpture des mausolées, sous
 la direction de Van Boghem, chargé de la conduite des travaux de
l'édifice de Brou.
    Cette pièce fixe avec certitude la date de la construction des mau-
solées, le nom de l'artiste qui a produit ces chefs-d'œuvre, celui
de l'architecte qui dirigeait les travaux de cette église, qui est, comme
on l'a dit, le dernier soupir de l'art gothique.
    Les autres pièces témoignent de toute la sollicitude de Marguerite
 pour son église, et nous révèlent, en outre, des particularités cu-
rieuses sur ces habiles sculpteurs du moyen-âge qui s'appelaient
modestement des tailleurs d'imaiges.
   M. Dufay s'est attaché à réunir, à faire ressortir tous ces petits
détails, à les encadrer dans sa notice qui accompagne le texte des
pièces authentiques. Il suit pas à pas les dates de construction et la
marche des travaux. L'on voit, par exemple, que ce n'est qu'en 1526
que l'on a placé le jubé « qui sera triumphant et fort riche pour
les beaulcc ouvraiges et foliages qui y sont »
    Ainsi, suivant M. Dufay, de 1511 a 1521, dans l'espace de dix
ans, les murs seuls sont élevés; les approvisionnements de maté-
riaux se font lentement ; mais de 1521 à 1527 on achève de couvrir
le temple, les voûtes, les galeries, les chapelles. — De 1527 à 1530
l'on s'occupe de l'embellissement intérieur, des mausolées; enfin,
en 1536, le monument est terminé : en tout 25 années. N'est-ce
pas prodigieux encore que l'on ait fait de si magnifiques choses dans
un quart de siècle?
   On voit dans la correspondance des religieux de Brou avec Mar-
guerite quelle était la situation des finances qui se raccourcissaient
fort; et les artistes du moyen-âge étant parfois aussi comme ceux
de nos jours,Maistre Loys Van-Boghem allait passer l'hiver dans sa
maison; on voit aussi quelles furent les sommes accordées pour les
mausolées à Conrard Meyt qui exigeait quelquefois des paiements
d'avance. II y a dans toutes ces pièces du temps un parfum de naï-
veté et de vieux langage qui plaît infiniment.
   Une autre particularité ressort encore de la correspondance des
religieux de Brou avec Marguerite, c'est la destitution de Guillemin de
Maxins, châtelain, parce qu'il s'était laissé battre impunément par un