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A TERNAY. 109 De retour à Vienne, il saisit son ciseau trop longtemps inoc- cupé, se mit à tailler, en l'honneur de la Vierge, en copiant dans sa mémoire les traits qui l'avaient frappé à la fontaine, la statue dont le cimetière de Ternay conserve les restes. Il destinait cette statue à la chapelle de la Vierge de l'église du prieuré. Lorsqu'elle fut terminée, l'Archevêque la bénit avec so- lennité dans l'église de St-Sévère. Une procession, composée de fi- dèles de Vienne et d'une partie de son nombreux clergé, la transporta triomphalement à Ternay. On y voyait les confréries des construc- teurs d'églises ; ils s'avançaient silencieusement, dirigés par les si- gnes mystérieux de leurs grands maîtres, et revêtus des insignes de leurs différentes professions : les maçons avaient sur leurs vêtements l'image d'une truelle; les charpentiers, celle d'un compas; les tail- leurs de pierre et les sculpteurs, celles d'un maillet et d'un ciseau. A ces instruments étaient joints des triangles, des étoiles et d'autres figures dont le sens emblématique nous est inconnu. Tous étaient parés d'un tablier de peau d'une blancheur éclatante. Qnelques-uns tenaient à la main un long bâton d'ébène, et d'au- tres des bouquets de fleurs d'où tombaient jusqu'à terrre de lé- gères bandelettes de diverses couleurs. Bérilon marchait avec sa mère derrière le brancard qui portait la statue ; Magdeleine les suivait à quelques pas. La procession fut grossie en route par le peuple et les religieux de Ternay, les prêtres de St-Sym- phorien-d'Ozon, de Communay et les frères de Notre-Dame-de- Limon. Les cloches de Grigny répondaient aux joyeuses vo- lées de celles de Ternay. Les populations de Vernaison, d'Iri- gny, de Feysin, descendant sur le Rhône, faisaient retentir ses bords de chants religieux. Les seigneurs voisins avaient placé en bataille leurs hommes d'armes dans la rue qui conduit à l'église. A l'entrée de cette rue, Bérilon s'arrêta en poussant un cri : il venait de reconnaître, au milieu d'un groupe de fidèles, la jeune femme de la fontaine St-Maïeul ; elle tenait encore un enfant entre ses bras. — Ma mère! la voici.... — Et, toujours sous le prestige du miracle, il allait se prosterner devant elle. Lorsque l'inconnue lui dit : — Je suis Irmengarde de Lyon, qui habite depuis quel- que temps à Feysin la maison d'Eynard, marié à ma sœur .lu-