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94 EXPOSITION DE 1 8 4 3 - 1 8 4 4 . salon ; il entre, au coniraire, dans le plan de noire Iravail de faire un choix peu nombreux parmi les œuvres principales ; mais, pour qu'on ne puisse pas nous accuser d'un oubli systématique, nous mentionnerons toutes les compositions dont nous ne pourrons pas nous occuper. Nous donnerons d'abord une place d'honneur aux œuvres des ar- tistes que la mort vient de nous enlever. Sans vouloir tomber dans le ridicule de louer un talent pour lequel on a épuisé toutes les formes de l'éloge, nous remercierons la Commission de la Société des Amis-des-Arts d'avoir livré à notre admiration les tableaux dus à l'inimitable pinceau de M. Berjon, et surtout ses dessins, ses aquarelles et ses pastels, qui surpassent tout ce que Lyon a vu dans ce genre. Nous avons revu avec plaisir la bonne traduction de la dixième églogue de Virgile, due au pinceau de M. Perlet, mort si jeune encore. On retrouve dans l'ensemble de cette composition, tout l'esprit qui distinguait si éminemment M. Perlet (1). Les figures posées avec goût, bien dessinées, sont toutes de bonnes études. Venons au tableau de M. Dubuisson, dont le talent grandit tous les jours. Cet ouvrage est traité d'un pinceau si franc, si vrai, qu'on ne songe pas à le trouver savant, tant il est naturel. C'est une jus- tesse de vue, une naïveté de détails, une vérité d'observations qui séduisent et étonnent à la fois. Cet artiste est vrai d'abord, il est fin et spirituel ensuite. Ses chevaux sont vigoureux, bien modelés, touchés d'une main hardie, largement colorés. Le che- val blanc et celui qui le suit, sont des morceaux de grands maî- tres. Quelle étude dans le jeu des articulations des muscles et des vaisseaux! Tout cet attelage vit, respire, marche; il n'y a pas jusqu'à ces mariniers dont la nature énergique ne soit rendue avec une vérité parfaite. Dans ce tableau, on ne sait ce qu'il faut le plus louer, le ciel fin, léger; les fonds lumineux et pleins d'air, le savant arrangement des lignes ou la couleur riche et vraie de l'ensemble. On dit cette belle page destinée à Paris. M. Dubuisson a aussi un Intérieur d'écurie, digne des plus grands éloges. Au premier rang des portraits, nous retrouvons toujours ceux de M. Blanchard; celui qu'il a exposé est d'une touche où la finesse n'exclut pas la vigueur. Le dessin est vrai, le modelé fin, étudié, cherché, et possède cette assurance magistrale qui caractérise les œuvres des maîtres; la pose est heureuse, les ajustements parfaite- ment exécutés, et la critique ne trouve à s'exercer que sur l'ar rangement des cheveux; arrangement sans doute du choix du mo- dèle, et nou de celui du peintre. En résumé, ce portrait ferait la réputation d'un homme qui en aurait moins que M. Blanchard. (i) MM. Lavergne et Etienne Blanc viennent de donner à notre Musée le Réfectoire de la Trape, un des bons tableaux de M. Petrus Perlet, leur ami.