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quelques jours de calme, passés sans reproches, sans discus-
sions. Rousseau, heureux du changement qui semblait s'être
produit dans les sentiments, dans les manières de sa femme,
organisa une partie de plaisir, avec quelques amis, une her-
borisation au Mont-Pilat. Il partit avec le gouverneur de
Bourgoin, MM. de Rosières, ses compagnons habituels, avec
le docteur Ménier. Le voyage se fit à pied; la première
journée de marche fut longue et pénible, ils allèrent coucher
à Vienne. Cette excursion par ses résultais ne répondit pas
aux espérances conçues; loin delà, une pluie continuelle vint
les contrarier dans leurs recherches ; ils n'avaient pas de guide
pour leur indiquer les bonnes localités; la saison était trop
avancée pour les fleurs, les graines ne se trouvaientpas encore
en maturité, c'était au milieu du mois d'août. La montagne,
par un temps affreux, leur parut nécessairement triste, inculte
et déserte. — Au reste, elle n'a rien du pittoresque et de lu
variété des montagnes de la Suisse. — C'est à peine s'il leur
 fut possible de collectionner quelques plantes, telles que le
 meum, le raisin d'ours, ledoronic, la bistorte, le napel, la
 thymèlie. L'onogra, le sonchus alpinus, le lichen islandicus
 furent les plus précieuses richesses qu'ils récoltèrent.
   En vain Rousseau, sortant de son caractère habituel, s'effor-
ça-t-il d'être gai, jovial, pour exciter la verve de ses camarades,
ses peines furent perdues. Il fit des frais inutiles, composant et
fredonnant des chansons, les mettant en musique ou bien
racontant des anecdotes, des histoires plaisantes, il n'y eut
ni aisance, ni joie, ni familiarité entr'eux; la conversation
resta froide, l'étiquette fut ridiculement respectée, le cérémo-
nial ordinaire de la société mal a propos maintenu.
   Les trois compagnons qui, par politesse, feignaient d'aimer
la botanique, n'étaient que très médiocrement enthousiastes
des œuvres de la nature, ils se laissaient, en quelque sorte, di-
riger, ils s'extasiaient parfois, mais par complaisance ; une