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517 échappé d'unfanlasqite cerveau. Il nous apprend que ce livre est incohérent, bizar- re. Mais voulez-vous savoirprécisémentenquoi consiste cette bizarrerie, cette in- cohérence, M. Porchat reste silencieux : l'hémistiche lui commande la discré- tion. Adressez-vous donc à Horace pour achever de comprendre son traducteur. Gujus vanœ fingentur species ul nec pes nec capul uni reddatur formœ. Ces mots rendent l'idée plus nette, et justifient l'image qui commençait le poème. J'entends M. Porchat me dire que tout cela est renfermé dans les deux ter- mes bizarre cl incohérent. Oui ; comme les vingt-deux premiers vers de cette épître sont contenus dans le vingt-troisième, en résumé. Horace avait dit sim- plement que le livre en question serait semblable au tableau ridicule qu'il nous a présenté d'abord : le traducteur avait différé à affirmer cette ressemblance : c'est seulement trois vers plus bas qu'il s'y décide : mais aussi, pour regagner le temps perdu, avec quelle indignation il le poursuit des épithètes de choquant, de barbare ! Eh ! monsieur, ne vous mettez point en colère ; regardez bien : Horace sourit: islilabulœ fore librum persimilem. Nous n'avons analysé que les huit premiers vers du nouveau traducteur Nous pourrions continuer ainsi longtemps, montrer presque partout la raideur substituée au naturel, la noblesse remplaçant malheureusement la grâce. Et nous ne prétendons point en faire un reproche à l'habile versificateur de Lau- sanne, ni diminuer en rien la haute estime que. commande son talent : nous constatons seulement, dans l'intérêt de'l'art, que tout calque du même genre que le sien est à jamais impossible, au moins dans notre langue, et que son œuvre était nécessairement médiocre, même avant d'être commencée. Comment donc faut-il traduire Horace ? Cela dépend du but qu'on se propose. Veut-on seulement faciliter l'intelligence du texte, sans prétendre à en repro- duire la beauté? qu'on fasse une version en prose : c'est une œuvre modeste mais utile. Tient-on à faire une œuvre d'art qui puisse donner quelque idée du modèle? C'est une copie qu'il faut peindre, non un calque qu'il faut tracer. On doit rendre beauté pour beauté et non vers pour vers. L'imitation originale, qui aujourd'hui est passée de mode, et pour cause, est la seule manière dont un vrai poêle puisse traduire. La raison en est sensible : condamné presque toujours à perdre quand il rend l'idée du modèle, il se dédommage en ajoutant quelquefois la sienne. A côté de notre théorie nous sommes heureux d'avoir à citer un exemple, sans sortir du sujet qui nous occupe. Le 12 mars i S n , il y avait à Athènes un poète, un Anglais, un lord, plus fier de sa noblesse que de son talent, quoiqu'il y ait assurément plus de lords dans la Chambre haute que de vrais poètes dans les trois royaumes unis. Fatigué d'une longue course à cheval, car le noble pair était un peu boiteux et par suite excellent cavalier, il se reposait dans une grande salle à demi-meu-