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503 science, ce n'était pas faire de la science. Avant toute discus- sion sur ce point, nous avons le droit de constater le fait im- mense de cet entraînement général des esprits indépendants vers la méthode de l'absolu. Métaphycisiens, poètes, socialistes, tous les penseurs les plus actifs de notre époque, ne cherchent plus leur guide dans l'observation des phénomènes variables, mais dans l'intuition de l'idéal impersonnel qui siège dans la raison; quelque soit la valenr de ce qui s'est produit ainsi dans l'art et dans la science, il n'y en a pas moins, dans ce mouve- ment, un fait d'une haute portée, c'est toute une révolution qui commence, la révolution la plus radicale qui puisse s'o- pérer dans le monde de l'esprit. Si nous avons tant insisté sur la question de la méthode à propos de l'Unité spirituelle, c'est que l'emploi de la méthode ontologique n'y est pas seulement le résultatd'une tendance na- turelle, mais d'un système établi logiquement. Ce livre pro- clame ouvertement VOntologisme comme la méthode indis- pensable des sciences morales; c'est le manifeste le plus formel de l'ère scientifique qui vient de naître. De V Unité spirituelle, ou de la Société et de son but au delà du temps : Tel est le titre du livre, son objet s'y trouve parfai- tement résumé. Il est nécessaire de s'arrêter un peu sur ce titre dont l'idée a pu être méconnue de quelques esprits. Nous ne parlerons pas de ceux qui restreignent la destinée de famé dans les limites de ce monde; pour eux, la société ne peut avoir de but au-delà du temps, mais les intelligences les mieux pénétrées du but de l'homme après cette vie, nous ont paru souvent disposées à ne considérer dans l'immortalité qu'une question de destinée individuelle, et, perdant de vue le grand principe d