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Va, aussi bien que lui, dégagée de tout alliage impur, nul
ne l'a plus rigoureusement suivie dans toutes ses conséquen-
ces.
    Mais si nul philosophe n'a élevé plus haut l'idée du devoir,
nul philosophe, non plus, n'a en même temps élevé plus haut
l'idée corrélative de la liberté. C'est aux leçons et aux exem-
ples d'un père et d'une mère, dont la vertu était austère, que
Kant avait d'abord développé et fortifié en lui l'idée du devoir;
c'est dans la lecture des publicistes français du XVIII e siècle,
et surtout de Rousseau, qu'il s'était pénétré de l'idée de la li-
berté, de l'idée des droits de la raison. Partout dans sa philo-
sophie, non seulement dans sa morale, mais aussi dans la cri-
tique de la raison pure, on retrouve cette conviction profonde
des droits sacrés de l'homme et de la raison humaine, partout
il réclame avec énergie la liberté absolue de discussion, partout
il proteste contre l'intervention de l'autorité et de la force
dans la philosophie.
    Dans un long et remarquable passage de la méthodologie
transcendentale, cité tout entier par M. Cousin, il plaide avec
éloquence la cause de la liberté de la discussion, môme dans
l'enseignement académique, au nom de ces droits sacrés, au
nom de l'intérêt, de la dignité et du perfectionnement de la
raison.
    « Dans un état de liberté régulière, dit Kant, on a le
droit de soumettre au jugement du public, sans être réputé
pour cela un citoyen dangereux, les doutes qu'on n'a pu r é -
soudre soi-même. Ce droit n'est autre chose que le droit pri-
mitif de la raison humaine qui ne reconnaît d'autre tribunal
que celui de la raison commune où chacun a sa voix, et
comme c'est de cette raison commune que doivent venir tou-
tes les améliorations que l'humanité peut recevoir, un tel
droit est sacré, et doit être respecté. »
    L'entière approbation que donne M. Cousin au passage