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 ni même au doute, et d'autres questions qui ne peuvent se
 résoudre que par le raisonnement, et sur lesquelles il peut en
 effet y avoir doute ou même contradiction, sans toutefois
 que cette contradiction soit nécessaire. Du premier ordre
sont les questions relatives à la simplicité de l'ame, à l'existence
de la liberté, à l'exislence d'un être nécessaire. Du second
ordre sont les questions relatives à la divisibilité ou à l'in-
divisibilité de la matière, à l'infinité ou à la limitation du monde.
Il est évident par exemple que l'on ne peut arriver à la
solution de cette question: le monde est-il fini ou infini, que
par un raisonnement qui a pour prémisses l'idée que nous
nous faisons de Dieu et du monde. Il est évident encore
que la solution de la question de la divisibilité ou de l'in-
divisibilité de la matière, dépend d'un raisonnement dont
les prémisses peuvent varier suivant l'état et la nature des
différentes théories qui régnent, soit en physique, soit en
chimie. Or quand il serait vrai que dans l'état actuel de la
science, il y eût des raisons d'égale valeur en faveur des
deux solutions que chacune de ces deux questions comportent,
quand il serait vrai que la contradiction fut réelle, comment
affirmer qu'aucun progrès nouveau, qu'aucune lumière nou-
velle ne puisse un jour la faire disparaître, comment démon-
trer que cette contradilion est nécessaire ? Or, si elle n'est
pas nécessaire, il n'y a plus d'antithétique naturelle de la
raison pure, il n'y a plus d'antinomies. Qu'il y ait des ques-
tions qui aient reçu, qui reçoivent encore des solutions op-
posées, qu'il y ait même des questions insolubles pour la rai-
son, nous ne le nions pas, etnous pensons même, qu'à prendre
les antinomies en ce sens, le nombre en est grand. Mais tout
ce qu'on peut en conclure, c'est que notre raison est limitée
et non qu'elle est illégitime, non qu'elle est viciée dans sa
nature.
    C'est ainsi que M. Cousin attaque et renverse les principes