page suivante »
4S3 ni même au doute, et d'autres questions qui ne peuvent se résoudre que par le raisonnement, et sur lesquelles il peut en effet y avoir doute ou même contradiction, sans toutefois que cette contradiction soit nécessaire. Du premier ordre sont les questions relatives à la simplicité de l'ame, à l'existence de la liberté, à l'exislence d'un être nécessaire. Du second ordre sont les questions relatives à la divisibilité ou à l'in- divisibilité de la matière, à l'infinité ou à la limitation du monde. Il est évident par exemple que l'on ne peut arriver à la solution de cette question: le monde est-il fini ou infini, que par un raisonnement qui a pour prémisses l'idée que nous nous faisons de Dieu et du monde. Il est évident encore que la solution de la question de la divisibilité ou de l'in- divisibilité de la matière, dépend d'un raisonnement dont les prémisses peuvent varier suivant l'état et la nature des différentes théories qui régnent, soit en physique, soit en chimie. Or quand il serait vrai que dans l'état actuel de la science, il y eût des raisons d'égale valeur en faveur des deux solutions que chacune de ces deux questions comportent, quand il serait vrai que la contradiction fut réelle, comment affirmer qu'aucun progrès nouveau, qu'aucune lumière nou- velle ne puisse un jour la faire disparaître, comment démon- trer que cette contradilion est nécessaire ? Or, si elle n'est pas nécessaire, il n'y a plus d'antithétique naturelle de la raison pure, il n'y a plus d'antinomies. Qu'il y ait des ques- tions qui aient reçu, qui reçoivent encore des solutions op- posées, qu'il y ait même des questions insolubles pour la rai- son, nous ne le nions pas, etnous pensons même, qu'à prendre les antinomies en ce sens, le nombre en est grand. Mais tout ce qu'on peut en conclure, c'est que notre raison est limitée et non qu'elle est illégitime, non qu'elle est viciée dans sa nature. C'est ainsi que M. Cousin attaque et renverse les principes