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471 féconde en généreux dévouements, et la lutte opiniâtre qui la termine, et dans laquelle l'Amérique et la France, ap- pelées à de nouvelles destinées, ne peuvent briser par trente années de victoires l'opposition tenace d'un seul peuple, a quelque chose d'imposant, d'intrépide, que notre patriotisme repousse, mais que notre impartialité sévère ne peut s'em- pêcher d'admirer. Arrivées, par une série de succès dus au bonheur autant qu'à la vaillance, aux chances de la fortune autant qu'à leurs efforts, au plus haut point de force et de puissance, l'Angle- terre, l'Ecosse et l'Irlande (l'Irlande que l'Angleterre traîne sanglante à son char) ont produit depuis quarante années, sous George III et ses successeurs, une nouvelle école de poètes, plus hardis, plus entraînants que leurs devanciers. Mêlant les traditions du moyen-âge aux connaissances précises de notre époque, et les fastes historiques de l'Europe aux rêves vaporeux de l'Orient, ces auteurs, partagés en deux camps, sous la bannière de deux hommes de génie, ont essayé tous les sujets, se sont exercés dans tous les genres, en impri- mant à chaque production le type original de leur esprit. Shèridan dans ses piquantes comédies, Cowper et Campbell dans leurs poèmes didactiques et lyriques, Burns dans ses mélodies écossaises, si pleines de sentiment et de douceur, préludèrent aux poésies si fraîches, si vivantes, si pittoresques de Walter Scott, dont tous les sujets sont devenus populaires. Et que sont ces poèmes, justement admirés, à côté de ses productions en prose? Quelle vaste galerie de caractères, qu'elle vérité de actions, quelle richesse de costumes, quelle profonde connaissance de l'histoire, quel saint respect pour la morale, dans les œuvres si nombreuses et si diverses de cet admirable romancier ! Walter Scott a rappelé à la vie, a fait comparaître à nos yeux un monde spécial dans lequel il se meut avec une fécondité inépuisable; louchant de sa baguette