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poèmes, de sarcasmes que d'éloges, de chansons que d'ho-
mélies, animée d'un profond mépris pour les peuples qu'elle
vient de soumettre, se livre avec ardeur à la littérature légère,
aux romans et aux chroniques fabuleuses, ressucite, sans les
comprendre, les traditions merveilleuses des Celtes, qu'elle
tire, non de l'idiome original, mais du latin dégénéré des
moines. Le roman de Brut, le roman du Rou, du trouvère
normand Robert Wace, et les visions allégoriques d'Adam de
Ross et de ses obscurs successeurs, furent écrits en dialecte
français, quelquefois égayé par les sirventes des ménestrels
et des jongleurs, joyeux et indispensables parasites de ces
cours d'héroïsme et de folie. Richard Cœur-de-Lion, le gen-
til chevalier, le Henri IV du moyen-âge, est le type le plus
accompli de cette époque, qu'il résume par son humeur mar-
tiale, en même temps qu'il l'honore et la relève par ses nobles
et brillantes qualités.
    Après lui, la lutte continue entre les idiomes des vain-
queurs et des vaincus, le franco-normand des chevaliers, fiers
de leurs conquêtes, de leurs châteaux et des lauriers cueillis
dans les Croisades, et l'anglo-saxon des bourgeois et des serfs
attachés à la glèbe. Cependant la résistance éclate d'abord
contre le roi, ensuite contre les nobles-, une guerre plus dan-
gereuse avec la France appelle aux armes les chefs et leurs
vassaux. La haine de l'étranger rapproche tous les esprits;
elle fait plus, elle rapproche les idiomes ; et, par un édit d'E-
douard III, l'anglais, ce compromis étrange, cet amalgame
d'éléments contraires, est déclaré langue nationale et consa-
cré dans les actes publics. Cette aurore de la littérature an-
glaise, entièrement distincte dans son essence des trois épo-
ques qui précédèrent$on lever, lorsque la barbarie la couvrait
de son ombre, voit naître les contes naifs de Chaucer, con-
temporain et ami de Pétrarque, et les ballades de l'infortuné
Jacques d'Ecosse. W/ïde/'traduit alors la Bible, et le mouvement