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467 poèmes, de sarcasmes que d'éloges, de chansons que d'ho- mélies, animée d'un profond mépris pour les peuples qu'elle vient de soumettre, se livre avec ardeur à la littérature légère, aux romans et aux chroniques fabuleuses, ressucite, sans les comprendre, les traditions merveilleuses des Celtes, qu'elle tire, non de l'idiome original, mais du latin dégénéré des moines. Le roman de Brut, le roman du Rou, du trouvère normand Robert Wace, et les visions allégoriques d'Adam de Ross et de ses obscurs successeurs, furent écrits en dialecte français, quelquefois égayé par les sirventes des ménestrels et des jongleurs, joyeux et indispensables parasites de ces cours d'héroïsme et de folie. Richard Cœur-de-Lion, le gen- til chevalier, le Henri IV du moyen-âge, est le type le plus accompli de cette époque, qu'il résume par son humeur mar- tiale, en même temps qu'il l'honore et la relève par ses nobles et brillantes qualités. Après lui, la lutte continue entre les idiomes des vain- queurs et des vaincus, le franco-normand des chevaliers, fiers de leurs conquêtes, de leurs châteaux et des lauriers cueillis dans les Croisades, et l'anglo-saxon des bourgeois et des serfs attachés à la glèbe. Cependant la résistance éclate d'abord contre le roi, ensuite contre les nobles-, une guerre plus dan- gereuse avec la France appelle aux armes les chefs et leurs vassaux. La haine de l'étranger rapproche tous les esprits; elle fait plus, elle rapproche les idiomes ; et, par un édit d'E- douard III, l'anglais, ce compromis étrange, cet amalgame d'éléments contraires, est déclaré langue nationale et consa- cré dans les actes publics. Cette aurore de la littérature an- glaise, entièrement distincte dans son essence des trois épo- ques qui précédèrent$on lever, lorsque la barbarie la couvrait de son ombre, voit naître les contes naifs de Chaucer, con- temporain et ami de Pétrarque, et les ballades de l'infortuné Jacques d'Ecosse. W/ïde/'traduit alors la Bible, et le mouvement