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461 niciens, ces messagers du globe, les Egyptiens, ces graves dépositaires d'une science vénérable et sacrée, les Perses mô- mes, malgré leur haine et leur ambition impuissantes, n'étaient venus vivifier par leur contact, enrichir par leur découvertes, animer par leurs traditions et exciter par le choc des armes cette veine d'inspirations sublimes qui sommeillait dans le cœur des Hellènes ? Qu'était Rome, ville étrusque d'origine, mais barbare de mœurs et de coutumes, avant que ses guerres incessantes con- tre ces mêmes Etrusques qu'elle attaqua avec rage, contre tous les peuples d'Italie qu'elle vainquit et absorba dans son sein, contre Cartilage et l'Espagne, contre la Grèce et l'Asie, n'eussent donné à sa sève naissante une impulsion irrésistible, qui porta ses fruits sous Auguste, sous Trajan et sous Marc- Aurèle ? Enfin, quand le colosse romain s'inclina vers sa dé- cadence, quand sa sève engourdie s'épaissit sous l'influence du vice et de la mollesse, quand la corruption, s'infiltrant dans ses fibres, menaça de les anéantir, quel remède subit, inattendu, vint tout-à -coup le rendre à la vie? Quelle ha- che, frappant la tige de l'arbre, le fit reverdir de ses ra- cines, et ressuscita la civilisation romaine sous d'autres noms, avec d'autres croyances, pour la perpétuer jusqu'à nos jours ? L'Espagne, la Gaule, l'Italie, la Grèce même, sans compter les provinces de l'Asie et de l'Afrique, étaient sou- mises à la puissance romaine, et les peuples, incorporés mal- gré leurs répugnances, sommeillaient sous le sceptre vermoulu des Césars. Mais la Germanie veillait encore, dans sa rude et noble indépendance : soudain l'éclair jaillit de l'Orient, les Huns s'élancent des frontières de la Chine, refoulent les Goths, nation dominatrice, qui se répand sur la Thrace et l'Allemagne; les tribus germaniques s'ébranlent, les armées se soulèvent, les peuples s'entre-choquent ! En vain l'éten- dard de la croix flotte au-dessus des légions romaines; la