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452 l'énergie de son caractère, ne fut cependant pas aussi sensible aussi immédiate qu'on devrait le croire, la cause en est dans les luttes désastreuses qui se prolongèrent longtemps après sa mort. Malgré l'éclat que la maison d'Autriche sut rendre à la couronne impériale, les plaies de la patrie étaient vives et pro- fondes ; et ce ne fut pas dans la guerre de trente ans, dans cette guerre de funeste mémoire, que la poésie put prendre son essor. En vain Opitz et l'école silésienne tentèrent quelques heureux essais, en vain le grand Leibnitz régénéra la science : les lettres ne se relevèrent un instant que pour tomber plus bas encore. D'un côté l'obscurité et l'enflure, de l'autre une plate servilité envahirent tout le domaine littéraire et le rem- plirent de sèches imitations. En ce moment, l'Italie et l'Espa- gne retentissaient des chants de leurs poètes; les chefs- d'œuvre abondaient en France et en Angleterre ; mais, en Allemagne, tout était vide et froid. Enfin, après deux siècles de ténèbres, on vit s'élever l'aurore d'un nouveau jour. La tourmente religieuse et politique avait passé sur l'Europe entière ; l'Allemagne avait gémi sous cette épreuve: maintenant elle en recueillait les fruits. Ce n'était plus celte culture partielle renfermée dans les cours, dans les châ- teaux, ou cette concentration de lumières qu'imposait la vo- lonté d'un seul; c'était une civilisation générale dont les bien- faits s'étendaient de toutes parts, qui, pénétrant dans les villes et les villages, éclairait toutes les intelligence et excitait entre chaque état une émulation salutaire. Bientôt s'éleva un défi poétique qui annonçait le retour à la vie. L'école française et l'école anglaise, appelées dès lors classique et romantique, et représentées par la Saxe et par la Suisse, donnèrent les mots d'ordre de la lutte. Des esprits jeunes, entreprenants, se rangè- rent sous les deux bannières ; il en résulta de bons ouvrages et l'enthousiasme s'accrut de jour en jour. Le combat eut bien- tôt un arbitre dans le sage et judicieux Lessing, qui traça, t