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l'énergie de son caractère, ne fut cependant pas aussi sensible
aussi immédiate qu'on devrait le croire, la cause en est dans
les luttes désastreuses qui se prolongèrent longtemps après sa
mort. Malgré l'éclat que la maison d'Autriche sut rendre à la
couronne impériale, les plaies de la patrie étaient vives et pro-
fondes ; et ce ne fut pas dans la guerre de trente ans, dans
cette guerre de funeste mémoire, que la poésie put prendre son
essor. En vain Opitz et l'école silésienne tentèrent quelques
heureux essais, en vain le grand Leibnitz régénéra la science :
les lettres ne se relevèrent un instant que pour tomber plus
bas encore. D'un côté l'obscurité et l'enflure, de l'autre une
plate servilité envahirent tout le domaine littéraire et le rem-
plirent de sèches imitations. En ce moment, l'Italie et l'Espa-
gne retentissaient des chants de leurs poètes; les chefs-
d'Å“uvre abondaient en France et en Angleterre ; mais, en
Allemagne, tout était vide et froid.
   Enfin, après deux siècles de ténèbres, on vit s'élever l'aurore
d'un nouveau jour. La tourmente religieuse et politique avait
passé sur l'Europe entière ; l'Allemagne avait gémi sous cette
épreuve: maintenant elle en recueillait les fruits. Ce n'était plus
celte culture partielle renfermée dans les cours, dans les châ-
teaux, ou cette concentration de lumières qu'imposait la vo-
lonté d'un seul; c'était une civilisation générale dont les bien-
faits s'étendaient de toutes parts, qui, pénétrant dans les
villes et les villages, éclairait toutes les intelligence et excitait
entre chaque état une émulation salutaire. Bientôt s'éleva un
défi poétique qui annonçait le retour à la vie. L'école française
et l'école anglaise, appelées dès lors classique et romantique, et
représentées par la Saxe et par la Suisse, donnèrent les mots
d'ordre de la lutte. Des esprits jeunes, entreprenants, se rangè-
rent sous les deux bannières ; il en résulta de bons ouvrages
et l'enthousiasme s'accrut de jour en jour. Le combat eut bien-
tôt un arbitre dans le sage et judicieux Lessing, qui traça,




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