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420 Tartares chargés de porter cet ordreà sadestinalion. Personne ne plante, personne n'entretient les routes, personne ne veille à la conservation d e l à propriété publique, personne ne s'oc- cupe d'assainir les rues. Cette dernière tâche est dévolue aux oiseaux de proie. Il n'existe pas dans tout le pays, un seul chemin ferré, pas un seul pont considérable en pierre de cons- truction moderne, pas un hôpital digne de ce nom, pas un grand établissement d'instruction publique supérieure, pas un corps d'ingénieurs civils ou militaires, point de médecins ni de pharmaciens si ce n'est, à quelques rares exceptions près, des aventuriers étrangers. Quand uu homme tombe malade, il meurt le plus souvent faute de soins éclairés; la mortalité est surtout effrayante durant le premier âge. Il suffit de dire que, de ses Irente enfants, il n'était resté au sultan Mahmoud avant sa mort que deux fils et deux filles, malgré le choix des mères et le zèle de ses médecins. « Aucun système ne dirige la tenue des prisons de la Capi- tale, qui sont abandonnées au plus affreux pôle-môle et dans lesquelles j'ai trouvé confondus des enfants, des détenus p o u r dettes, des marchands condamnés pour faux poids, des assas- sins et des voleurs de toute espèce. La terreur que ces repaires inspirent, même à ceux qui sont chargés de les garder, neleur permet pas toujours d'y pénétrer et de savoir ce qui s'y passe, et ce n'est pas sans peine que j'ai obtenu la permission de m'y engager à mes risques et périls. Dans le reste de la Turquie, les prisons sont encore plus horribles qu'à Constanlinople . Elles consistent en une fosse où les détenus sont ensevelis tout vivants, trop souvent privés d'air et de lumière^ préve- nus et condamnés gisant sur la terre n u e , sans registres d'é- crou, sans autre garantie que la mémoire du geôlier contre les erreurs d'un juge où la méprise d'un exécuteur. » Cette incurie générale, ce désordre, cette nullité de l'action administrative qui existent en Turquie sur tout ce qui ne se rattache pas à la perception de l'impôt, se manifestent sans transition et ayee une déplorable intensité aussitôt qu'on met