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commis par Etienne de Lisle en la personne de Henri-le~
Grand ; Ode pour le roi allant châtier la rébellion des Rochel-
lois. Ces différents titres nous manifestent «ne tendance nou-
velle de l'ode. Ce n'est plus un sujet léger et frivole qui la
dicte, ce n'est plus le caprice spéculatif du poète éloigné des
affaires qui l'anime ; elle ne reste plus étrangère à tout ce qui
l'entoure. Accueillie et pensionnée par la cour de France, elle
doit chanter les louanges de celui qui la comble de ses bienfaits;
elle se fait monarchique. La personne de son roi, ses actions
importantes, les événements heureux ou malheureux de sa vie,
voilà ce qui l'inspire désormais. Y a-t-il progrès véritable ?
Oui, en ce sens que le poète n'est plus isolé et retranché en
quelque sorte de la société où il vit, qu'il sert à exprimer n o -
blement les sentiments du peuple pour le roi qui le gouverne,
et que ses chants sont comme l'écho qui reproduit la voix des
fidèles sujets. Non, en ce sens que la poésie ne sort pas de la
cour, qu'elle ne s'intéresse pas aux grands événements qui
s'accomplissent dans la société, qu'elle n'y prend pas une part
active, qu'elle n'est pas vraiment nationale.



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   Avec Malherbe, Racan et leurs successeurs, nous entrons à
pleines voiles dans le XVIIe siècle. Presque tous les poètes
lyriques de celte époque conservent à l'ode le caractère
monarchique dont nous venons de parler ; mais Racan, moins
que tout autre. C'est que, malgré son respect pour son maître
bien aimé et son ardeur à l'imiter, Racan est avant tout un de
ces poètes rêveurs qui se prélassent dans leur paresseuse con-
templation et les jeux puérils de leur esprit, qui n'ont que faire
des graves événements dont ils sont les témoins en quelque