Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                   319
trot à Henri III, du meurtre des Guises au massacre de la Saint-
Barthélémy, on se répondait par une sanglante et terrible lo-
gique.
   L'auteur d'une Remonstrance aux Françoys, pour les induire
à viure en-paix à l'aduenir (Lyon, Benoist Rigavd, 1576,in-8°),
ne chargeait pas les couleurs du tableau quand il peignait le
misérable élat de la France. «Tel estoit riche, qui demande
auiourd'huy l'aumosne ; tel auoit mil escus en bourse, qui n'a
pas aujourd'huy vaillant un soult (1); tel estoil bien logé, qui n'a
pas une estable pour se retirer. On ne s'entr'ayme plus ; on ne
se reiouyst plus comme on faisait ; on ne sçail à qui se fier ; on
ne s'ose meltre aux champs ; c'est à qui desrobera le mieux, à
 qui pillera, à qui mettra le feu en la maison de son voisin
 Tous les viures sontdeuorez, tous les thrésors espuisez, tous
 vos meubles perdus ; quel d'entre vous est plus gras, plus ri-
che et mieux meublé ? Vostre reuenu consommé, vos villages
 bruslez, vos villes désolées? Quel plaisir, quel contentement,
quelle consolation en receuez-vous ? Tant d'illustres, vertueux
et généreux princes tuez; tant de braues seigneurs et de vail-
lants capitaines perdus, tant de millions de courageux et hardis
soldats m o r t s , estropiez, harassez? Quel d'entre vous en est
plus asseuré et moius en danger? e t c . . (pag. 11-12.) »
    Nous voilà un peu loin du livre édité par M. Léon Cailhava
et sorti des presses de M. Louis Perrin, qui a su y mettre son
goût accoutumé. J'ai déjà parlé des gravures. J'avoue que
celles du Manuscrit parlent mieux à l'œil, tout au moins parce
qu'elles sont coloriées. L'encadrement du titre est un des
morceaux où M. Perrin s'est le plus distingué. On aperçoit,
à travers les rosaces et le jeu des enjolivures, une spirituelle
analyse de tout ce que présente le volume ; ce sont des singes
arquebusant un christ, précipitant une croix, pendant un
prêtre ou moine par le cou à un arbre, s'affublantla tête d'un
b o n n e t clérical, s'armant de la crosse, pérorant en chaire


  (1) Déjà la prononciation de notre siècle.