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nôtres; à la guerre il était brave, et y avait fait ses preuves. Eu
somme voilà ce qu'était Pierre le meurtrier.
   C'était donc un loyal seigneur, quemon ancêtre!
   Mais hélas ! comme moi, comme mon fils Melchior, il ne
savait pas digérer une injure. — Un démenti était pour lui
tache d'huile.
   Un jour, dans une notable assemblée où se trouvait par
malheur le vicomte de Polignac, il reçut de la part de ce pré-
somptueux un démenti : sur le champ Pierre tint à en avoir
raison, mais il en fut empêché par les autres seigneurs qui
formaient la compagnie. Toutefois Pierre se proposa bien
d'arriver tôt ou tard à s'en laver les armes à la main.
   Le croiriez-vous? il provoqua de toutes manières le vicomte,
et ce gentilhomme s'accommodait de la honte de reculer inces-
samment devant une rencontre.
   Force fut donc à mon Pierre d'en appeler au roi pour que sa
majesté obligea le vicomte à faire satisfaction au seigneur de
Mons par un combat.
   Le roi refusa cette supplique à cause des suites fâcheuses
qu'il prévoyait devoir en arriver, mais il témoigne vou-
loir bien ouir leurs raisons pour de là leur rendre justice.
   Le seigneur de Mons ne fut pas content de cesretardemenls,
il n'en vivait plus. Jamais, s'écriait-il, je ne sauverai
l'honneur de mon blason si je ne vois le vicomte l'épée à la
main ! et il le cherchait partout, la nuit, le jour, en tous
lieux...
   Etait-ce par la fuite qu'un Polignac ainsi convié d'hon-
neur devait répondre, dites-le-moi, vous, si bons juges en cette
matière ?
   Or, le seigneur de Mons crut voir plus de mépris que de lâ-
cheté dans cette retraite continuelle. Ne pouvant dévorer son
affront, il savait de longue main que le vicomte, las d'épier à
travers les meurtrières, ne manquerait pas le jour de Yendredi