page suivante »
300 nôtres; à la guerre il était brave, et y avait fait ses preuves. Eu somme voilà ce qu'était Pierre le meurtrier. C'était donc un loyal seigneur, quemon ancêtre! Mais hélas ! comme moi, comme mon fils Melchior, il ne savait pas digérer une injure. — Un démenti était pour lui tache d'huile. Un jour, dans une notable assemblée où se trouvait par malheur le vicomte de Polignac, il reçut de la part de ce pré- somptueux un démenti : sur le champ Pierre tint à en avoir raison, mais il en fut empêché par les autres seigneurs qui formaient la compagnie. Toutefois Pierre se proposa bien d'arriver tôt ou tard à s'en laver les armes à la main. Le croiriez-vous? il provoqua de toutes manières le vicomte, et ce gentilhomme s'accommodait de la honte de reculer inces- samment devant une rencontre. Force fut donc à mon Pierre d'en appeler au roi pour que sa majesté obligea le vicomte à faire satisfaction au seigneur de Mons par un combat. Le roi refusa cette supplique à cause des suites fâcheuses qu'il prévoyait devoir en arriver, mais il témoigne vou- loir bien ouir leurs raisons pour de là leur rendre justice. Le seigneur de Mons ne fut pas content de cesretardemenls, il n'en vivait plus. Jamais, s'écriait-il, je ne sauverai l'honneur de mon blason si je ne vois le vicomte l'épée à la main ! et il le cherchait partout, la nuit, le jour, en tous lieux... Etait-ce par la fuite qu'un Polignac ainsi convié d'hon- neur devait répondre, dites-le-moi, vous, si bons juges en cette matière ? Or, le seigneur de Mons crut voir plus de mépris que de lâ- cheté dans cette retraite continuelle. Ne pouvant dévorer son affront, il savait de longue main que le vicomte, las d'épier à travers les meurtrières, ne manquerait pas le jour de Yendredi