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quement relevé et défendu les murs de leur ville, et ceux de
Florence avaient monté dans la tour de Giotto la grosse et
formidable cloche qui, tant d'années plus lard, effrayait encore
les Français accourus avec Charles VIII à cette fête éternelle
du climat italien.
     Essayons maintenant de démêler quelle fut la part des Croi-
sades dans celte grande transformation sociale. Il serait ab-
surde, selon nous, de soutenir avec quelques historiens, que
l'accroissement du pouvoir royal en France, que la décadence
du pouvoir impérial en Allemagne, que le triomphe de la li-
berté en Angleterre et en Italie, résultats contradictoires, sont
dûs à une seule et môme cause. — Il n'est pas dans Tordre
qu'une même cause produise des effets diamétralement oppo-
sés. — Il serait ridicule d'admettre que lorsque Philippe-Au-
guste, par exemple, Richard Cœur-de-Lion et Frédéric
Barberousse, marchaient contre Saladin, il devait résulter de
 ce fait absolument identique, que le petit-fils de Philippe-Au-
 guste gagnerait les batailles de Taillebourg et de Saintes, que
 le neveu de Richard serait prisonnier àLewes et ratifierait les
 statuts d'Oxford, et que le petit-fils de Barberousse mourrait
 dépossédé de toutes ses couronnes. Nous aimerions mieux dire
 que cette grande commotion des Croisades, en remuant profon-
 fondément les masses, a favorisé le développement de chaque
 peuple selon sa nature, son génie et ses besoins, et hâté ainsi le
 triomphe du pouvoir royal en France, de la féodalité en Alle-
 magne, de la démocratie en Angleterre et en Italie. L'explica-
  tion serait plus spécieuse, sans être beaucoup plus fondée.
 Relevons, en passant, une autre erreur plus générale à propos
  des Croisades. L'on a avancé que les Croisades avaient été un
 effet de la politique des rois qui se seraient ainsi débarrassés
 de la présence incommode des seigneurs. Mais y pense-t-on
  bien? Et qui donc avait convoqué le concile de Clermont?
  Etait-ce ce triste Philippe I er , roi sans royaume, qu'Urbain