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192 tant d'événements consécutifs ; de là , enfin, l'abandon de cer- taines masses d'un volume excessif en des points où l'on ne conçoit pas autrement leur dépôt. Enfin, M. Fournet termine ces considérations en disant qu'au premier aspect ces grandes débâcles ne présentent à l'imagination que des scènes de ruine et de désolation : des rochers entraînés, des vallées encombrées de galets, une an- tique végétation triturée dans les flots, et des générations en- tières d'animaux balayées et confondues pêle-mêle avec les pierres et les limons, tels sont les effets immédiats de celte crise subite. Mais elle eût aussi son résultat avantageux. La terre simplement façonnée par les derniers grands soulè- vements ne devait présenter partout que d'affreuses déchirures et de profonds précipices ; les cours d'eau sans cesse barrés par des digues ne cheminaient pas librement; la surface ter- restre, en un mot, n'était pas encore préparée pour le dé- veloppement des travaux et de l'industrie humaine. Mais les grands torrents survinrent, leurs sédiments com- blèrent les excavations, leur puissante impulsion émoussa les roches, les digues multipliées furent découpées, la série des cascades fit place à des cours d'eau réguliers, la terre végé- tale fut déposée et les grandes plaines furent nivelées. C'est alors que s'établit notre régime hydrographique actuel, si bien coordonné qu'il est impossible de le concevoir par le seul effet des soulèvements et des glaciers; c'est enfin sur les traces de ces courants que nos ingénieurs ont pu tracer les meilleures voies de communications, tandis qu'il est à remarquer que la plupart de celles qui ont été établies en dehors de ces lignes sont tôt ou tard abandonnées. M. Fournet promet d'ailleurs de détailler plus amplement tous ces faits dans son travail sur les Alpes. La séance est levée.