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tant d'événements consécutifs ; de là, enfin, l'abandon de cer-
taines masses d'un volume excessif en des points où l'on ne
conçoit pas autrement leur dépôt.
   Enfin, M. Fournet termine ces considérations en disant
qu'au premier aspect ces grandes débâcles ne présentent à
l'imagination que des scènes de ruine et de désolation : des
rochers entraînés, des vallées encombrées de galets, une an-
tique végétation triturée dans les flots, et des générations en-
tières d'animaux balayées et confondues pêle-mêle avec les
pierres et les limons, tels sont les effets immédiats de celte crise
subite. Mais elle eût aussi son résultat avantageux.
    La terre simplement façonnée par les derniers grands soulè-
vements ne devait présenter partout que d'affreuses déchirures
et de profonds précipices ; les cours d'eau sans cesse barrés
par des digues ne cheminaient pas librement; la surface ter-
restre, en un mot, n'était pas encore préparée pour le dé-
veloppement des travaux et de l'industrie humaine.
   Mais les grands torrents survinrent, leurs sédiments com-
blèrent les excavations, leur puissante impulsion émoussa les
roches, les digues multipliées furent découpées, la série des
cascades fit place à des cours d'eau réguliers, la terre végé-
tale fut déposée et les grandes plaines furent nivelées. C'est
alors que s'établit notre régime hydrographique actuel, si bien
coordonné qu'il est impossible de le concevoir par le seul effet
des soulèvements et des glaciers; c'est enfin sur les traces de
ces courants que nos ingénieurs ont pu tracer les meilleures
voies de communications, tandis qu'il est à remarquer que la
plupart de celles qui ont été établies en dehors de ces lignes
sont tôt ou tard abandonnées. M. Fournet promet d'ailleurs
de détailler plus amplement tous ces faits dans son travail sur
 les Alpes. La séance est levée.