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campagne de Rome, du même artiste, est un souvenir vrai, exécuté
avec conscience. Que M. Favas ne se laisse pas entraîner par l'exem-
ple; qu'il ne sacrifie pas sa manière naïve à l'afféterie ; le style vrai
et par plaira toujours; on ne se lassera jamais de la représentation
fidèle de la nature; on est déjà dégoûté des glacis jaune, bleu, rose,
ou lilas, que l'école de Genève nous donne pour du coloris riche et
savant.
    La digue rompue de M. Calame peut séduire quelques personnes,
mais les artistes pensent tout autrement. Nous ne ferons pas l'ana-
lyse de ce tableau où l'on retrouve toujours les petits partis, les pe-
tits effets, les petits arbres, les petites eaux de la systématique écolo
auquel il appartient, mais nous admirerons la prodigieuse adresse de
 brosse avec laquelle il est exécuté.
   M. Duval le Camus, reniant le genre de son père, nous a envoyé
une toile assez froidement exécutée, où il y a quelques qualités de
dessin, mais où l'on retrouve trop de traditions d'école et pas assez
d'inspiration ; on a vu ces poses, ces draperies partout.
   Nous avons remarqué une excellente étude de M. Monvoisin qui
figura jadis avec honneur dans la querelle, aujourd'hui oubliée des
romantiques et des classiques, où il soutint vaillamment la cause de
ces derniers. Aussi bien dessiné que bien peint, son petit pêcheur
nous a paru charmant, mais il est si mal placé, que peu de personnes
se sont aperçues de son mérite.
   La manière de M. Chasselat est séduisante ; sa couleur riche et
harmonieuse empêche de remarquer, d'abord, qu'en général ses figu-
res sont d'un dessin incorrect ; il y a beaucoup d'effet dans son
tableau de la Dîme, qui nous semble le meilleur de ceux qu'il a
exposés.
   La Man/MeritedeM.Colin est d'une médiocrité déplorable; le man-
que de modèle y est tel qu'on la prendrait pour une image collée sur la
muraille; sa couleur est froide et terne, sonexpression plus endormie
que pensive, et à part sa pose simple, nous n'y trouvons rien à louer.
Ses Indiens dans une rue de Calcuta sont d'un type où le chic de
l'atelier se fait plus sentir que la nature; l'homme au turban est fort
heureux d'avoir trouvé un point d'appui dans sa belle canne; sans elle