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son dernier boulet ! M. Leullier a admirablement rendu la belle ode
que Lebrun adressa à la Convention, et dont nous citerons ici les
dernières strophes :
                       Près de se voir réduits en poudre,
              Ils défendent leurs bords, enflammés et sanglants ;
              Voyez-les défier et la vague et la foudre,
                       Sous des mâts rompus et brûlants !
                      Voyez ce drapeau tricolore,
              Qu'élève en périssant leur courage indompté,
              Sous le flot qui les couvre, entendez-vous encore
                       Ce cri : Vive la liberté !
   Quoique ce tableau soit placé trop haut pour que le mérite de la
plupart des figures soit apprécié à sa valeur, on peut affirmer
qu'elles offrent toutes d'excellentes études ; les poses sont pleines de
vérité et d'expression, et quelques-unes sont magnifiques. Les bras,
les mains sont d'une forme et d'un dessin excellent, et tout cela est
peint dans une mâle concision de style parfaitement appropriée au
sujet. Tout se compose et se lie dans la superbe toile de M. Leul-
lier, exécution des figures dans la partie sombre offrait de grandes
difficultés à vaincre; l'artiste en a fait une beauté. En un mot,
pour la mise en scène, la vérité, le style et la solidité de la pein-
ture, M. Leullier mérite les plus grands éloges.
   Parmi les œuvres principales de l'exposition, quelques-unes peu-
vent égaler ou même surpasser par quelques qualités de dessin, le
tableau de M. Wild, le Départ des Israélites pour la terre Sainte,
mais il n'en est aucune d'un aspect plus séduisant. La fidélité dans
les costumes, le sentiment des localités, l'harmonie de la couleur, la
nouveauté, le pittoresque, la vie, tout y est; le ciel fin et chaud sans
exagération s'allie merveilleusement avec la nature des eaux et rap-
pelle, en plusd'une partie, la manière des grands maîtres.
   Il est difficile de considérer la bataille de Navarin de M. Garne-
ray, autrement que comme renseignement topographique; ce tableau,
d'un aspect froid et terne, ne rend du beau ciel d'Orient ni la lu-
mière, ni la transparence ; on croirait plutôt assister à un exercice
à feu dans une rade de l'Océan. M. Langlois qui traita le même su-
jet, à la même époque, avait donné à son tableau une vigueur, un
coloris qui manque totalement à celui de M. Garneray.