page suivante »
37 Alors, dans la joie de cette cure miraculeuse, il se mit à cé- lébrer la vertu de cette substance ligneuse, en un traité que Mayenceimprima vers 1519 (1). Or, à qui croyez-vous qu'il va dédier ce livre? Peut-être à quelque joyeux compagnon de corps-de-garde ou d'infortune? Point ! « A son révérend père en Christ, Albrecht, prêtre de la sainte Eglise romaine, du titre de Sl-Chrysogone, cardinal, archevêque de Mayence et de Mag- debourg.» L'épigramme serait meilleure si les mœurs du prélat n'avaient été louées par un moine qui n'aimait guère les robes rouges, par Luther lui-même, et si cet Albrecht n'avait prêté au poète 400 ducats ; c'est Ulrich lui-même qui a reconnu la dette (2). Avouons que le cardinal savait bien mal placer ses aumônes. On ne sait, en lisant le De Guaiaci medicina et Morbo gal- lico, s'il faut rire ou rougir de cette confession de lépreux. Le malade fait de son corps comme de ses livres : il montre toutes ses plaies, et dit jusqu'aux remèdes qu'il faut employer pour les guérir. Dans son enthousiasme pour sa découverte, il re- mercie le ciel et s'écrie : « Si les Egyptiens mettaient jadis l'ail au rang des Dieux , comment n'adorerais-je pas le bois de gayac (3) ? » C'est qu'il a tant souffert et qu'il souffre tant en- core ! « Ah ! Monseigneur, raconte-t-il piteusement, si vous saviez tout l'argent que j'ai dépensé, les tortures que les chi- rurgiens m'ont fait subir (4), le sang que ces imbécilles de mé- (i) TJlrichi de Hutten eq. de guaiaci medicina et morbo Gallico iiber unus ; Moguntiœ. (2) In laudem rev. Alberthi archiepis. Moguntini, TJlrichi de Hutten equilis panegyricus. (3) Quid si pro diis coluerunt allium et cepas iEgyptii, cur non adorem guaiacum ? (4) Dbi quid refert sa3pe declaratuma meprius dicere quantam ego pecuniam curando hoc morbo locaverim? Quas torturas, quse supplicia sub chirurgicis exhauserim? Quas cruces tulerim? Quantum mihi virium ex medicorum inscitia