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470                ALPINISME RÉTROSPECTIF

geville parcourut le Bugey en tous sens, s'entraînant ainsi
pour les grandes excursions. C'est en 1838, âgée de qua-
rante-quatre ans, qu'elle résolut de faire l'ascension du
Mont-Blanc. Elle met ordre à ses affaires, consulte son
médecin sur les précautions hygiéniques à prendre, et se
dirige sur Genève et Chamonix. Là, elle s'occupe de suite
d'organiser son expédition. Son escorte se compose de six
guides et de six porteurs. Les provisions ne sont pas négli-
gées, la liste comprend seize articles, parmi lesquels deux
gigots, vingt-quatre poulets, dix-huit bouteilles de vin, trois
livres de sucre, trois livres de chocolat, trois livres de pru-
neaux, etc. MUe d'Angeville a décrit le costume qu'elle s'est
fait faire pour l'ascension, « car on ne va pas à la cour du roi
« des Alpes avec une simple robe de toile et un bonnet de
« mousseline, cette visite exige un costume plus sévère et
« surtout plus chaud. » Cet équipement modèle pour
l'époque, ajoute Mlle Paillon, se composait d'une chemise
et d'un pantalon de flanelle anglaise, de bas de laine, mis
par dessus des bas de soie, de gros souliers à crampons, de
pantalons en étoffe de laine écossaise doublée de molleton,
de gants fourrés, d'une blouse de même étoffe que le pan-
talon, avec des plis matelassant le dos et la poitrine et serrée
à la taille par une ceinture, d'un bonnet bordé de fourrure,
d'un chapeau de paille rond doublé d'étoffe verte, d'un
masque de velours, d'un voile, de lunettes vertes, d'un
tartan, d'une pelisse fourrée, etc.
  La caravane se met en route le lundi 3 septembre 1838,
à 6 heures du matin. A 2 heures on atteint les Grands-
Mulets, où l'on campe sous la tente ; on repart à 2 heures
du matin. Cette journée fut particulièrement rude pour la
courageuse femme. Au pied du mur de glace de la Grande
Côte elle est prise de battements de cœur, de suffocations