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458                  PIERRE DE NOLHAC

sur lesquels il m'est doux d'attirer l'attention des amou-
reux de la Poésie. Je ne saurais assez dire tout le bien que
je pense de ce recueil charmant. A cet égard, je suis un peu
dans l'état psychique de M. Jules Lemaitre, au sortir de
la lecture d'un auteur aimé. Après avoir lu le volume de
vers de M. de Nolhac, « mon âme est comme un instru-
ment qui aurait trop vibré. » Les nombres dont la magie
berçante m'a ravi, chantent longtemps, longtemps dans
mon cerveau.
    Nous retrouvons d'ailleurs dans les vers du poète, les
qualités même du prosateur, nous les retrouvons toutes
entières. C'est d'abord le penseur et le songeur. M. de
Nolhac n'imagine pas seulement, il pense, et c'est pour
cela que ses vers ne sont jamais vides, n'ont rien d'arti-
ficiel. Il ne jongle pas avec les rimes pour le plaisir ;
toujours, derrière l'élégance de la phrase apollonienne,
s'embusque, éclate l'idée, l'idée jaillissante, claire, nette,
limpide, tantôt morale, tantôt esthétique, toujours noble
 et pure comme un ciel de Toscane. De là, ses descriptions,
tout en dépeignant avec fidélité les couleurs et les infinies
nuances des paysages qu'il a sous les yeux, échappent à la
banalité, au moyen d'images inattendues qui captivent
l'attention, la distraient et la charment. N'allez pas croire,
 cependant, que, sur la foi du titre, le Recueil soit réservé
aux paysages. En vérité, ceux-ci ne forment que la pre-
mière partie du volume. Il débute par de beaux vers en
l'honneur de l'Italie, cette terre antique si chère à notre
 auteur et vers laquelle sa pensée va sans cesse. Puis ce
 sont des pages douces sur le lac de Némi, Rome, les monts
 Euganéens, tout parfumés encore à travers les siècles du
 souvenir de Pétrarque, la Sicile, le mont Eryx où vinrent
longtemps prier les dévots de Vénus, Taormina et cette