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442 PIERRE DE NOLHAC a-t-il eu soin de les rééditer sur les originaux, en un opuscule élégant, et parsemé de notes bibliographiques précieuses. Joachim du Bellay, d'ailleurs, devait être cher à notre auteur, non pas tant à cause de sa tentative de réforme littéraire et de sa publication de : La Défense et Illustration de la langue française, qu'en raison de son goût du grec et du latin, et comme dit M. Faguet de « son humanisme vécu, réalisé, porté à son dernier point de perfection. » M. de Nolhac a soin, je le répète, d'accompagner la publi- cation des lettres de du Bellay, d'éclaircissements et de renseignements précieux. Ils nous serviront au cours des explications où nous devons entrer pour indiquer au lecteur à quel propos eut lieu cette correspondance du poète. Le père de Joachim était Jean du Bellay, sieur de Gonnor ; sa mère se nommait Renée Chabot, dame de Lire et de la Turmelière, près d'Ancenis (Loire-Inférieure). Le poète naquit vers 1525, perdit de bonne heure ses parents passa sous la tutelle de son frère René, héritier de la terre de Gonnor, et qui mourut prématurément. Joachim, posses- seur du domaine de Lire, se trouva chargé à son tour de la tutelle de son neveu, qu'aggravèrent bientôt les soucis d'une succession embarrassée. Il tomba malade et renon- çant à la carrière des armes, s'adonna aux lettres. Il était depuis longtemps déjà engagé dans le grand mouvement littéraire du xvie siècle, et avait publié plusieurs ouvrages quand son oncle à la mode de Bretagne, le cardinal Jean du Bellay, l'appela à Rome pour en faire l'intendant de sa maison, vers 1550 ou 15 51. Le cardinal était cousin germain du père de Joachim. Sa carrière diplomatique fut brillante. Je n'ai pas à l'indiquer ici. Il faut dire cependant qu'après avoir gagné les bonnes grâces de Montmorency et joué un rôle important dans le retentissant divorce