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                      LE CHRIST D'iVOIRE                     303

 Pierre Puget fut à la fois architecte, peintre et sculpteur, et,
dans toutes ces branches de l'art, il donna la mesure d'un
grand talent; mais si, comme peintre et architecte, d'autres
ont pu l'égaler, comme sculpteur, au contraire, personne ne
lui dispute le premier rang, et c'est avec raison qu'il a été
surnommé le Michel-Ange français. Personne, en effet, n'a
donné plus de vie et de mouvement aux personnages qu'il a
fait naître de son ciseau. Aussi, comme si cela était plus en
harmonie avec la nature de son génie, l'a-t-on vu choisir
de préférence les situations les plus dramatiques et les pas-
sions les plus vives de l'âme, pour les rendre avec une
énergie, qui n'a jamais été égalée.
   Il lui fallut pourtant des années avant d'obtenir le succès
qui lui était dû. Avant Mazarin, qui essaya vainement de se
l'attacher, avant Louvois, qui le présenta à Louis XIV, le
surintendant des finances, Fouquet, fut le premier, qui
comprit son génie et lui confia l'exécution des sculptures de
son château de Vaux-le-Vicomte. Mais, comme rien n'était
assez beau pour l'orgueilleux ministre, il exigea qu'avant de
se mettre à l'œuvre, Puget se rendît lui-même à Carrare,
pour choisir sur place, les blocs de marbre les plus parfaits.
   Puget était parti ainsi, pour cette mission, quand, arrivé
à Avignon, il apprit que la chartreuse de Bonpas possédait,
dans son église, quatre monuments funéraires, qui exci-
taient, à juste titre, l'admiration de tous ceux qui avaient
été admis à les visiter.



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  Puget, qui n'avait point eu de maître, aimait à s'inspirer
des œuvres des grands artistes et c'est ainsi qu'il se décida