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288 LES SIRES DE BEAUJEU d'Edouard III d'Angleterre, et il sut se distinguer dans cette campagne. Avant la bataille de Crécy il fut un des quatre « moult vaillans chevaliers » envoyés par le roi en recon- naissance pour se rendre compte de la position des Anglais. Ils s'acquittèrent heureusement de leur mission, et conseil- lèrent au roi de remettre l'attaque au lendemain pour per- mettre à ses troupes d'arriver et de se reposer. Ce sage conseil aurait pu changer le sort de la bataille, s'il avait été suivi ; mais l'impétuosité aveugle des chevaliers n'en tint pas compte et fut cause de la défaite. Le soir de la bataille, fidèle jusqu'au bout, Edouard fut un des cinq chevaliers qui, réunis autour du roi, l'accompagnèrent jusqu'au châ- teau de Labroye, pour l'y mettre en sûreté, et le lendemain il alla avec quatre autres hérauts demander au vainqueur, de la part du roi de France, une trêve de trois jours pour enterrer les morts. Quelque temps après il fut nommé maréchal de France, en récompense de sa valeur et de son dévouement (i_). Il n'avait que trente-trois ans. En 1347, quand Philippe VI convoqua sa noblesse pour aller au secours de Calais, Edouard, comme maréchal de France, fut un des chefs de l'armée. Le roi, qui avait pu apprécier à Crécy son coup d'œil militaire et sa valeur, le chargea avec le seigneur de Saint-Venant d'examiner le terrain pour préparer l'attaque. Tous deux déclarèrent que (1) Aubret, avec beaucoup d'autres, prétend qu'il fut nommé maréchal en 1347, à la place de Charles de Montmorency. Cependant un manuscrit de Froissart {Chroniques, t. IV, p. 271) porte que ces deux seigneurs étaient en même temps maréchaux, quand ils allèrent avec le roi essayer de délivrer la ville de Calais ; est-ce par erreur du copiste ? Peut-être, car M. Siméon Luce, le meilleur éditeur du vieux chroni- queur, n'en persiste pas moins à dire qu'Edouard devint maréchal par la démission du sire de Montmorency (Ibid., p. XLIV, note 3).