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                   VIEUX MOTS LYONNAIS                    245

une sorte d'initiation. Une foule de leurs expressions et de
leurs images sont empruntées au langage du bord, aux
choses de la mer, à la vie maritime. Ils ont un langage à
eux, et ceux qui les entourent le comprennent et le parlent.
   A Lyon, et autrefois surtout, la grande industrie du pays
était celle de la soie. Il n'y avait presque pas de Lyonnais
qui, de près ou de loin, n'y eût été employé, au moins à un
certain moment de sa vie. Sans parler des innombrables
ouvriers qui s'occupaient du métier à tisser ou des méca-
niques de dévidage et des mille accessoires qu'ils com-
portent, nombreux, bien nombreux étaient ceux, qui, à des
degrés divers s'occupaient de la soie. Tous ces gens-là
avaient un langage particulier, formé des termes du métier,
qui se généralisaient par l'image et qui peu à peu entraient
dans la langue locale.
   Ces termes, ces figures de langage très pittoresques,
étaient jadis employés et compris par tous. Aujourd'hui les
tisseurs étant moins nombreux dans une population plus
considérable, le langage lyonnais tend à se rapprocher de
plus en plus de la langue nationale. Il en existe cependant
de beaux restes. Pour les comprendre, il faut avoir la con-
naissance au moins rudimentaire de certains mots employés
dans l'industrie de la soie. La liste qui suit suffira pour
atteindre ce but.

  ACCOCA.   — Entailles ou crémaillères placées en long sur
le métier. Elles supportent le battant et servent à le rappro-
cher ou à l'éloigner graduellement. C'est ce qu'on appelle :
ajuster h battant. Le nom d'accoca se donne aussi générale-
ment à tout ce qui dans le métier a la forme de crémail-
lère.
   AGNOLET. — Annelet, petit anneau; œil de la navette ou