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                       LES   S1RES   DE
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    J'ai rapporté tout ce passage malgré sa longueur, parce-
 qu'il nous découvre la cause des rapports si étroits de
 mutuelle sympathie qui existèrent toujours entre nos
 princes et leurs vassaux. Bienveillance et sollicitude du bien
 public d'un côté, fidélité et dévouement de l'autre, voilà le
spectacle que l'histoire nous offre durant plusieurs siècles,
et qui fait autant d'honneur aux uns qu'aux autres. Il ne
fallut rien moins que les nombreuses injustices et violences
d'Edouard II, ainsi que ses dérèglements et son refus
d'observer les privilèges accordés par ses ancêtres, et que
lui-même avait juré de maintenir, pour rompre cette
harmonie et mettre fin du coup à l'autonomie et à l'indé-
pendance de ce petit Etat. C'est ainsi que finissent les races,
même les plus illustres.
   Pleins de bienveillance et de libéralité pour leurs sujets,
nos sires en témoignaient autant à leurs officiers et à leurs
serviteurs, dont ils savaient, de leur vivant et même au
moment de la mort, reconnaître les services. Tous les
testaments qui nous restent d'eux font apparaître cette
sollicitude. Dans son premier testament, vers l'an 1195,
Guichard IV laisse différents dons à quatre de ses serviteurs
qu'il nomme. Guichard V fait des legs importants à onze
chevaliers, ses fidèles, je pense, et il mentionne jusqu'à
son barbier, auquel il donne 40 livres. Louis désigne
encore un plus grand nombre de serviteurs pour ses léga-
taires. Guichard VI, outre les six chevaliers qu'il nomme
dans son testament, confirme tout ce qu'il a donné à


ou bien que ce meunier lui donnerait autant de coups de bâton qu'il en
avait reçus lui-même. Une justice aussi sévère à l'égard des grands, cou-
pables de pareils abus de force, manifeste sa sollicitude pour les droits
du peuple et explique l'attachement de celui-ci pour ses sires.