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222                    LES SIRES DE BEAUJEU

portée, n'ayant pu s'entendre, Guichard trancha la difficulté
en renonçant pour toujours aux droits en litige. Déjà
Guichard III avait montré le même désintéressement dans
ses démêlés avec l'archevêque de Lyon, quand, pour éviter
la guerre, il accepta d'avance la décision du pape Inno-
cent II, à qui l'affaire fut portée.
   Humbert V, ayant à éteindre des dettes contractées pour
le service du roi, demanda aux abbés de Belleville et de
Joug-Dieu, et au doyen de Beaujeu, de lui permettre de
lever pour une fois sur leurs terres un droit sur les bêtes à
cornes. Ils accédèrent à sa demande en tremblant, (de peur
sans doute qu'il ne perpétuât ce droit une fois accordé), et
à la condition qu'il leur ferait remise d'autres droits en
échange (8). Tout autre aurait peut-être trouvé mauvais que
des maisons, qui devaient à ses ancêtres leur existence
et la plus grande partie de leurs biens, se montrassent si
défiantes à son égard et si peu disposées à l'aider dans une
circonstance difficile ; mais Humbert se mit au-dessus de
ces petitesses d'amour-propre et accepta les conditions
proposées.
   Un autre fait prouve combien les vassaux appréciaient
la probité et la largeur d'esprit de nos princes. Etienne de
Laye avait été accusé, auprès de Guichard VI, d'avoir agi
souvent contre ses intérêts et sa juridiction. Condamné
pour ces dommages, par les officiers de ce seigneur, il en
appela d'abord de cette sentence au bailli de Mâcon, comme
c'était son droit. Mais ensuite comptant sur la justice de
son prince et se confiant à sa générosité, il déclara qu'il


   (8) Dans son testament il fit remise des mêmes droits à ses chevaliers
et à ses nobles {Bill, de l'École des chartes, t. XVIII, p. 262.)