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212                    LES SIRES DE BEAUJEU

    Ce même Guichard, en revenant de son ambassade à
Constantinople, amena avec lui, d'Assise, trois religieux de
saint François qu'il plaça d'abord dans son château de
Pouilly, et ensuite à Villefranche dans le couvent qu'il leur
fit bâtir et qui est le premier couvent des Cordeliers en
France (3). Cette quatrième fondation de nos sires fut des
plus heureuses et montre quel était leur esprit politique.
Emerveillé des admirables vertus de saint François et de la
vie humble et mortifiée de ses disciples, Guichard comprit
immédiatement l'action profondément moralisatrice que de
tels hommes pouvaient exercer sur le peuple par leur parole
comme par leurs exemples, et il résolut aussitôt d'en faire
profiter son pays. Sibille, sa femme, fit une cinquième fon-
dation destinée non plus à la prière ou à la prédication,'
comme les précédentes, mais au soulagement des pauvres
malades. De concert avec son fils, elle fit construire à Ville-
franche un hôpital qui fut appelé Roncevaux, parce qu'elle
y mit des religieux de saint Augustin, tirés de l'abbaye
 de Roncevaux. Deux autres dames de Beaujeu firent des
 fondations de monastères. Marguerite de Baugé, femme
 d'Humbert V, fonda la chartreuse de Poleteins pour les
 filles, dans sa terre de Miribel, et lui donna des biens con-
 sidérables, avec franchise de tout péage et leyde. Son
 mari, approuvant cette fondation, prit sous sa protection
 les personnes et les biens de cette chartreuse. Blanche de



   (3) C'est ce que le Père Fodéré affirme expressément :
   « Ce couvent de Villefranche... a esté faict sainct François estant
encor en vie, et dès la naissance et première institution de l'ordre, et le
tenons le premier de deçà les monts, à l'imitation et par le moien
duquel tous les autres de la France ont esté construits » (Narration his-
torique des convins de l'ordre saint François, 1619, p. 310).