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202                  LES SIRES DE BEAUJEU

la possession de trois seigneuries. C'était un service rendu
à cette famille de Savoie dont ses successeurs eurent tant
à se plaindre dans la suite. Il fut encore choisi comme
arbitre par le seigneur de Baugé et les moines de Tournus,
avec plein pouvoir de régler leurs différends au sujet d'un
étang à Chiavons, suivant les usages et coutumes observés
en pays de baronnies et d'étangs. C'était un hommage rendu
à son équité et à sa connaissance des coutumes de baronnie.
   Cet esprit de pacification se maintint dans la seconde
race de nos princes. Louis de Forez assista avec son fils, en
 1294, au traité qui fut conclu entre Amédée V comte de
Savoie et le prince d'Achaïe. Guichard VI, qui sacrifia sa
liberté au service de la maison de Savoie, rétablit d'abord la
paix entre Edouard comte de Savoie et son frère Aymon,
tous deux fils d'Amédée le Grand, et les accorda pour le
partage de l'héritage paternel. Aymon renonça à tous ses
droits sur le comté, moyennant certaines terres qu'on
lui donnait en apanage, et à la condition [que, si Edouard
n'avait que des filles, elles ne pourraient lui succéder. Cette
exclusion des filles permit à Aymon de succéder à son frère,
mort sans laisser d'enfants mâles.
   Des trois successeurs de Guichard, il n'y eut que le second,
Antoine, qui eut l'occasion d'exercer cette mission de paci-
ficateur. Il s'employa en effet à faire la paix entre Jacques
de Savoie prince d'Achaïe, et Amédée VI comte de Savoie.
La diminution des guerres entre les seigneurs, à mesure
qu'on s'éloignait des temps anciens, rendait naturellement
ces occasions d'intervention moins fréquentes (1).


  (1) Ces guerres particulières entre seigneurs furent même défendues
par le roi Charles V, en 1371. Déjà saint Louis avait essayé de les
réprimer, sans les abolir, parce que les hauts barons les regardaient