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                    LE CHRIST D'IVOIRE                    I97

variété d'expression qu'il avait su donner à chacun de ces
personnages, qui, tous vêtus de même, différaient pourtant
entre eux et dont on devinait sous le froc qui recouvrait
leur visage, le sentiment douloureux qui les animait, sous
une forme et à un degré divers.


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   Ces monuments funéraires rétablis, Dom Palémon allait
compléter son œuvre, en sculptant une statue de saint
Bruno.
   Un magnifique bloc de marbre lui fut livré et le pieux
artiste dut se recueillir de nouveau pour se pénétrer
des sentiments, dont s'inspira le saint fondateur de son
ordre, qui ne se distingua pas seulement par une ardente
piété, mais encore par sa grande science et cette profonde
connaissance du cœur humain, nécessaire plus qu'à tout
autre à celui qui veut imposer à des hommes déjà mûrs,
l'observation d'une règle austère et, par dessus tout, le
renoncement absolu à leur propre volonté.
   Ainsi Dom Palémon parvint-il à donner à cette grande
figure, l'expression de calme, de douceur et de gravité qui
la caractérisait.
   Quand cette tête ascétique, à laquelle l'auréole de la
sainteté donnait un caractère particulier de grandeur, se
dégagea du bloc informe, sous le ciseau de l'artiste, les reli-
gieux de Bonpas crurent voir revivre leur glorieux patron,
car c'était bien là l'image que chacun s'en était fait, pendant
les longues heures de leurs méditations solitaires.
   Cette figure achevée, le reste du corps n'était plus pour
l'artiste, qu'une œuvre secondaire et qui pouvait être exé-