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190 LE CHRIST D'iVOIRE Cour pontificale, la nouvelle chartreuse connut d'abord des jours prospères. Mais un siècle après sa fondation (1422), sa détresse devint à un moment si grande, que les religieux durent se réfugier dans la chartreuse de Villeneuve. Cet exil ne dura guère ; dix ans plus tard ils revenaient, et rien ne vint troubler, pendant longtemps, leur vie de recueillement et de prière, jusqu'au jour où les huguenots du xvic siècle, vinrent saccager le couvent et son église. * ** Mais au moment où se place ce récit, une période plus heureuse venait de s'ouvrir pour la chartreuse de Bonpas. Grâce aux libéralités de François de Seytre, seigneur de Vaucluse, et de son épouse Eléonore de Sade, huit nou- velles cellules venaient d'être fondées, et ces généreux bienfaiteurs avaient même doté le monastère d'une rente annuelle au profit des religieux qui viendraient les occuper. Telle était la situation de la chartreuse de Bonpas, au moment où Paul Salviati y arriva. Introduit auprès du prieur, l'artiste dit son nom, bien connu déjà des Pères Chartreux, par ses travaux pour les chartreuses de Ville- neuve et de Marseille. Puis il fit connaître en quelques mots, sa vie tout entière : sa vocation pour l'art de la sculpture, ses humbles débuts, ses études en Italie, ses travaux et ses succès depuis son retour à Arles, les jours heureux de son union avec une femme digne de tout son amour, et enfin la douleur profonde que lui avait causée sa mort horrible et prématurée. Ce récit fait, tout ce qu'il avait renfermé dans son cœur depuis un an, déborda, et il livra au prieur son âme tout