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I78                  LE CHRIST D'iVOIRE

   Ce christ n'était pas signé, et en présence de ce chef-
d'œuvre, je m'étais demandé involontairement, à quel
artiste il pouvait être attribué. Assurément, il appartenait
bien au grand art du xvne siècle. Mais cette œuvre, si
admirable, ne révélait pas seulement le génie du sculpteur,
mais encore plus la profondeur de sa foi. Car un artiste
chrétien seul avait pu, comme il l'avait fait, idéaliser la
nature humaine et rendre visible à nos yeux la divinité du
Christ.
   Après une durée de quelques semaines, l'exposition du
quai Saint-Antoine se ferma, et j'avais quelque peu oublié
cette œuvre d'art et le problème que je m'étais posé, quand
au mois de mai dernier, s'ouvrit la grande Exposition lyon-
naise. Je retrouvai alors, dans une élégante vitrine, placée
au centre du Palais des Arts religieux, et en face de la porte
d'entrée, le christ d'ivoire que j'avais vu, un an auparavant,
dans la modeste exposition du quai Saint-Antoine. L'im-
pression que j'avais éprouvée alors, ne s'était pas effacée et
ce fut avec le même plaisir que je pus l'admirer de nou-
veau, avec plus d'attention encore et en observant certains
détails, d'abord inaperçus, qui pouvaient m'aider, un jour
peut-être, à découvrir son origine.
   L'admiration que j'éprouvais ne me faisait point, en
effet, oublier le vif désir que j'avais d'en connaître l'auteur.
Une inscription qui l'accompagnait, m'annonçait bien, il
est vrai, que ce christ était attribué à Jean Guillermin.
Mais si l'œuvre est bien digne du maître, et si cette attri-
bution en confirme bien les mérites, elle ne pouvait
cependant me satisfaire, et je n'y voyais qu'une simple
présomption.