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LES SIRES DE BEAUJEU 121 nurent ses hommes liges qu'à la charge qu'ils seraient exempts de toute taille, levée ou exaction; on ne pourrait les contraindre à aller en guerre ou en course, à moins que ce ne fût de leur propre volonté, ni à faire aucune corvée, guet ou garde à Villeneuve, ni à rien payer pour leur hom- mage; ils s'obligeaient seulement à suivre le cri et la récla- mation ou justice du suzerain. Quant à Edouard II, il paraît n'avoir acheté aucun fief et n'avoir reçu que deux hommages nouveaux, et encore n'est-il pas sûr qu'ils fussent nouveaux; ce n'était peut-être que de simples reconnaissances d'hommages anciens. Sans doute il y avait moins de francs-alleux qu'autrefois, mais comme il y en avait encore, là n'est pas la cause de l'arrêt dans l'accroissement de la baronnie. La vraie cause est l'in- capacité ou l'indolence, dirai-je l'indignité ? de ce dernier sire de Beaujeu, qui loin d'agrandir la seigneurie que ses ancêtres avaient formée, la laissa envahir par le comte de Savoie dans sa partie orientale, puis se désagréger en quelque sorte, la plupart des seigneurs des Dombes se tournant vers ce nouveau pouvoir, dont ils espéraient ou craignaient davantage. Si les sires de Beaujeu surent habilement profiter des mœurs et des nécessités de leur temps pour étendre leur pouvoir, en recevant les terres et l'hommage des seigneurs qui avaient besoin de leur protection, ils tirèrent non moins habilement parti des alliances qu'ils parvinrent à procurer à leurs enfants. Au Beaujolais peut aussi s'appliquer, avec un léger changement, et toute proportion gardée, la fameuse maxime : Tu, felix Austria, nube. Des mariages heureuse- ment combinés lui apportèrent en effet des augmentations considérables de territoire.