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                     LES SIRES DE BEAUJEU                    105

 Beaujeu furent aussi empêchés de donner libre carrière à
 leur ambition, vers le nord, par les comtes de Mâcon qui
 y possédaient une autorité et un territoire bien déterminés-
 Ils y obtinrent cependant de ces derniers la seigneurie de
 Cenyesp our prix de leurs services, puis le château de
 la Bussière de Guillaume, comte de Châlon, et ensuite
 d'autres seigneurs, le château de Chevaniset, ainsi que
 certains fiefs à Ballore et en plusieurs autres endroits, mais
 à titres conditionnels. En somme, les bornes des deux
 baronnies ne furent guère modifiées par ces acquisitions.
    Ne pouvant s'agrandir ni au sud ni au nord de leur
seigneurie, les sires de Beaujeu tournèrent leurs vues des
deux autres côtés, où leur esprit d'entreprise avait plus de
chance de s'exercer utilement. A l'ouest, en effet, les limites
étaient un peu flottantes entre le Beaujolais et le Forez,
et les comtes de ce dernier pays ne jouissaient pas d'une
autorité incontestée au nord de leur province, où beaucoup
de petits seigneurs, à demi indépendants, mais inquiétés
par des voisins plus puissants, s'adressèrent naturellement
au suzerain qui paraissait leur assurer le plus de sécurité
et leur promettre le plus de liberté. Les comtes du Forez,
occupés par la longue lutte qu'ils soutinrent contre les
archevêques de Lyon pour se maintenir dans la ville et le
pays de ce nom, n'étaient pas en mesure de satisfaire au
double besoin de ces seigneurs. Ceux-ci se tournèrent
donc vers les sires de Beaujeu, qui déjà détenaient en
partie le territoire de Mardore, dont l'église avait été
donnée par Humbert II à Saint-Pierre de Mâcon. C'est
ainsi qu'au xne siècle, Guichard III fit reconnaître qu'il
possédait le tiers de la seigneurie de Laye et le droit de
fief sur le reste; ensuite il reçut en alleu les châteaux d'Urfé,
de Chamousset et de la Bussière, quelques fiefs près de