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ET LA RUSSIE 23 aux transports que leur présence a excités dans la ville; ils ont persévéré à garder l'incognito, mais cela n'a dispensé que d'une garde d'honneur et de quelques compliments. D'ailleurs l'affluence étoit si grande auprès de leur personne qu'il m'a paru qu'ils ne désapprouvoient pas les précau- tions que j'ai prises pour leur sûreté : ma plus grande, Monseigneur, a été de les garantir de l'empressement du public. Quoique j'avois cherché à réunir à l'Hôtel de Ville tout ce qu'il y a de plus intéressant dans nos manufactures, quoique j'y ai recueilli tous les échantillons de ce qu'il y a de plus nouveau, les augustes voyageurs ont cependant voulu aller eux-mêmes dans quelques fabriques et ont fait des emplettes considérables. M. le comte du Nord a par- couru plusieurs fois la ville à pied, accompagné d'une seule personne, et ne me prévenoit pas de ses intentions pour n'être pas suivi. Partout où ils ont été, ils ont récompensé très généreusement les ouvriers et ils ont également donné aux hôpitaux et aux maisons de charité des marques de leur libéralité; en mon particulier ils m'ont traité avec une bonté dent je suis confus ; j'ai fait tout ce qui étoit en mon pouvoir pour leur plaire et pour suivre les intentions de Sa Majesté et les vôtres, Monseigneur; mais ils m'en ont marqué une sensibilité qui est plus la récompense de mon zèle que de tout ce que j'ai pu faire; en partant ces illustres voyageurs m'ont fait présent d'une tabatière et ont eu la bonté d'ajouter qu'ils me renouveloient à conserver le souvenir de M. le comte et de Mm= la comtesse du Nord. Dans les différentes conversations où ils m'ont admis, ils rappeloient le plus souvent le désir qu'ils avoient de plaire au Roy, à la Reine, à la famille royale, et j'ai cru m'aper- cevoir qu'ils n'étoient pas fâché que le désir qu'ils en mar- quoient les devança à la Cour et que je ne leur déplairoi