page suivante »
472 LA DEUXIÈME ÉDITION V ESSAI DE RYTHMES NOUVEAUX Les innovations de M. Tisseur en matière métrique s'appliquent surtout au déplacement de la césure. Avant d'examiner les divers types prosodiques employés par lui il faut se souvenir du principe édicté dans la préface de Pauca Paucis : « Là où il n'y a pas de poste fixe pour la césure, il n'y a pas de césure du tout. » Une telle réflexion suppose que l'auteur a suivi une règle, ou plutôt des règles; je vais tâcher d'exposer brièvement celles-ci en étudiant les essais rythmiques du plus haut intérêt tentés par notre poète. a) L'enneasyllabe (vers de neuf syllabes). Ce vers n'était guère employé par les classiques en dehors de la musique dont les exigences de mesures réclamaient parfois l'usage. Hugo, Vigny, Gauthier, Musset, ne s'en sont jamais servis. Les modernes comme Richepin, Ver- laine, Moréas, Banville, en ont usé, mais rarement. Au Moyen Age on se servit de ce vers dans la poésie lyrique. D'après M. Jeanroy, cité par M. Tisseur (13), il était césure à cinq, à trois et même à six, comme on peut le voir dans le recueil de M. Bartsch, dans Richard de Semilli ou Willaumes le Vinier. Pendant longtemps la coupe à cinq fut la plus fréquente. M. Tisseur semble préférer la coupe à trois. Et je suis de son avis. Les vers suivants sont gracieux et doux : (13} Cf. Modestes observations, p. 116 et sqq.