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8(5 LES SAVANTS LYONNAIS ET LES BÉNÉDICTINS adeptes, car deux fois déjà ils avaient reçu des dons impor- tants. Le premier leur avait été offert par Mme Périer, la sœur de Pascal et c'est de sa générosité qu'ils tenaient le fameux manuscrit des Pensées, autour duquel M. Cousin souleva jadis tant de bruit, afin d'en décider la publication intégrale et fidèle; M1Ie de Joncoux qu'on aurait comparée, sans l'offenser, à ces patriciennes intrépides et studieuses qui s'étaient placées sous la direction de saint Jérôme, véri- table mère de la petite Église irréconciliable avec le Vatican, providence des réfugiés des Pays-Bas et des prisonniers de la Bastille, les avaient institués les légataires de tous ses papiers. On espérait qu'ils seraient en sûreté dans ce cloître que les exempts du lieutenant de police n'oseraient pas aller fouiller, où des mains respectueuses les préserveraient de la poussière et de l'oubli, où un historien se rencontrerait peut-être pour réhabiliter tant d'honnêtes gens dont la plus grave imprudence n'avait pas été de résister au pape, mais de désobéir au roi. Mais qui prévoyait alors la révolution et ses suites ? la constitution civile du clergé, la suppression des couvents, les religieux chassés de leurs cellules, le monastère trans- formé en prison et son église en usine de salpêtre, les cours souillées par les massacres du deux septembre, la biblio' thèque incendiée et ses épaves, sauvées des flammes au prix de mille dangers, recueillies comme une richesse de la nation et servant aujourd'hui aux humbles cher- cheurs, tels que nous, soucieux de tout ce qui intéresse la vérité et nous la présente sous la forme nue et saisissante du document authentique. L'abbé J.-B. VANEL. FIN