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                   LA
464                     DEUXIÈME ÉDITION

 et de l'Hellas lointaine, émule heureux d'un Leconte de
 Lisle, avec moins de désespérance, de cris de haine et de
 fougue, que l'auteur des Poèmes barbares. Il loua comme il
 convenait son souci de bien dire, son horreur de la bana-
lité, son amour du rare et du limpide, sa haute conception
 de l'idée, son respect de la liberté humaine, sa force d'âme,
par dessus tout cette adoration du droit et du juste qui en
font, à mon sens, un disciple de Marc-Aurèle. Il vanta
cette apparente insensibilité, sous laquelle M., Tisseur cache
un amour ardent pour ses semblables, malgré le soin qu'il
prend de nous avertir qu'il « ne sait rien du monde et de
ses lois », qu'il poursuit à tâtons la vérité, chose commune
d'ailleurs à tous les hommes sincères, à tous ies chercheurs,
comme aussi peut- être au sirvum pecus inconscient et irré-
fléchi; et quand il nomme notre poète « un chrétien qui
a fait le pèlerinage de Sunium », il ne me semble pas, au
premier abord, avoir dépassé l'exactitude permise.
   Mais ce dont je loue particulièrement M. Doucet, c'est
d'avoir montré que les vers de M. Tisseur, avant d'être
faits et parfaits, durent exiger de leur auteur un travail
opiniâtre, car « ce n'est pas du premier coup que l'idée
revêt son expression définitive, la seule qui nous importe
et que nous ayons à juger. »
   Si donc cette réédition de Pauca Paucis :ie comprenait
que les Poemata vetera analysés par mon prédécesseur, ma
tâche serait singulièrement diminuée pour ne pas dire plus.
Mais, comme je l'indiquais plus haut, ce nouveau volume
comprend une deuxième partie, partie singulièrement inté-
ressante et qui, malgré l'emploi fait par l'auteur de rythmes
qu'on serait tenté de qualifier d'innovations, alors qu'ils
constituent au contraire la mise en exercice de véritables
règles prosodiques, contient des beautés de premier ordre,