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                       EN FRANCE                      225

que des chevaliers captifs étaient condamnés à tisser des
« dras de soie à or batus », et que des jeunes filles,
également prisonnières, des étoffes « de fil d'or et de
soie ovroient ». Une tradition a fait de Berthe, la fille
d'un comte de Laon, qui fut la mère de Charlemagne,
une habile ouvrière de soie (c'était au vine siècle) :
« N'avoit meillor ouvrière de Tours jusqu'à Cambrai, »
est-il dit dans Li Romans de Berte ans grands pies. Au
xm e siècle, on tissait la soie à Lyon, à Paris, à Rouen
et en Provence.
   L'introduction du mûrier et celle du ver à soie en
France sont un peu moins anciennes. Cependant Jean
de Garlande, grammairien et poète, qui fut un maître
célèbre, signalait vers 1220 (peut-être même dès la fin
du xn e siècle), dans le curieux dictionnaire dont il est
l'auteur, le trahale ou traail, appareil à tirer la soie,
parmi les instruments de travail qui conviennent aux
femmes. Les vers à soie étaient déjà répandus au xm e
siècle dans la Provence, dans le Comtat-Venaissin, dans
la Septimanie, apportés soit du royaume de Naples par
les Provençaux qui avaient suivi les princes de la maison
d'Anjou soit d'Espagne par les Maures ou par des chré-
tiens émigrés.
   Au xive et au xv e siècle, l'éducation des vers à soie,
le tirage, le tordage et le tissage de la soie n'étaient
plus des métiers obscurs. On en trouve assez souvent
la mention sur différents points du territoire dans des
actes originaux. Mais c'est au milieu du xve siècle que
commence la véritable histoire de cette industrie, et
nous en indiquerons plus loin en traits rapides les phases
principales.
- Les commencements ont été fort modestes. Ce n'était