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478                     LA DEUXIÈME ÉDITION

4 + 4 + 4, il pourrait bien, lui aussi, user de ce rythme.
Il a bien fait et Vépigramme grecque suivante en est la preuve.
Jamais le poète ne fut mieux ni plus délicatement inspiré.
Qui chercherait à se plaindre de la nouveauté du rythme,
en lisant ces vers :
      O Doricha, | fleur de l'Hadès, | ton corps si tendre,
      Que Cypris même | eût jalousé | n'est plus que cendre!
      Et la tunique diaphane, et ses tiédeurs
      Qui dans les airs semblaient répandre les ardeurs ;
      Et le flot d'or ambrosien des molles tresses,
      Où donc sont-ils ? Tes longs regards, lourds de caresses,
      Comme un poison s'insinuant jusques au cœur,
      Au fond des os ne verseront plus la langueur.
      Tes flancs polis ont échangé le lit superbe
      Pour l'humus noir et destructeur, et la folle herbe,
      Fille des vents, souille et disjoint le blanc paros,
      Qu'à ta mémoire a ciselé Scopas d'Imbros.
      Mais vainement à dévorer le temps s'obstine,
      Sa dent ne peut rien sur tes vers, Sapho divine (20).

  Reste la troisième coupe (3 + 6 + 3). La pièce intitulée
Aprilis nous donne un exemple de ce rythme.

        La saison | des renoncules d'or, | la saison
        Qui transfor | me en scintillant écrin | le gazon,
        Reparaît, les yeux baignés d'amour, elle éveille
        La fourmi, dans ses greniers blottie, et l'abeille
        Attendant, sous l'abri tiède et clos, le moment
        Où la fleur, dont le bouton hâtif pointe à peine,
        Va s'unir, alourdie et pâmée, à l'amant.
        Le dieu Pan, chéri de chevriers, dieu charmant,
        Dieu léger, descend des monts neigeux ; il ramène
        Tous ces dons, la grâce et le souci du domaine :



  (20) Voyez aussi Pauca Paucis, p. 295 (Aurea Carmina), xxiv.