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358 L'INDUSTRIE DE LA SOIE de même. L'étoffe nouvelle, le vêtement nouveau que l'élite parisienne des femmes a accepté, est reproduit promptement à un prix abaissé, mais l'élite se refuse à le garder dès qu'il va devenir banal et vulgaire du fait seul de la généralité de son adoption; elle n'a rien de plus pressé que de le remplacer par un autre différent, et celui-ci sera rare pour un temps. De là une impatience de changement qui sert les intérêts de l'art de vêtir les femmes, devenu une industrie indé- pendante et une industrie qui, par la large part qu'elle se réserve, diminue celle afférente au tissu. Ce renou- vellement plus fréquent des habits par l'introduction continue dans la consommation d'étoffes et de formes nouvelles ne sert pas moins d'autres intérêts, mais le poids de la dépense causée par tant de changements doit être allégé, et cette succession des modes plus rapide qu'elle ne Ta jamais été, la brièveté de leur durée, a conduit à proportionner la qualité et le prix du tissu à la durée probable de son emploi en vête- ment. Le temps est loin où la mode « changeoit de demi an en demi an... avec toujours quelque appa- rence de raison », comme écrivait Louise Labé ( i ) . L'ins- tabilité voulue et rapide des modes a rendu inévitable l'abaissement du prix ' de l'étoffe. Ce n'est pas la seule explication qu'on peut donner de la situation présente et des mouvements qui se produisent. La vente au dehors diminuant, la concurrence entre les fabricants est plus vive sur le marché intérieur et produit son effet naturel. (i) Louise Labé, cette Lyonnaise d'un esprit si cultivé et si ardent, écrivait vers 1550.