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EN FRANCE 359 Toute notre fabrication représente une force supérieure à celle que nous avons connue, il y a même peu d'années. On a fait emploi de plus de matières, on a tissé plus de mètres d'étoffes, mais les matières avaient dans l'ensemble une moindre valeur intrinsèque. Le prix de la soie avait en outre baissé. Les tissus, faits à la main ou à la méca- nique, avaient été produits avec moins de travail, partant avec une façon moins coûteuse. Le décroissement de la production lyonnaise n'est donc qu'apparent. La loi qui régit le temps présent est fort dure pour Lyon, mais à Lyon on en avait prévu les conséquences et l'on s'y était préparé. L'hésitation n'était pas possible : il fallait garder sans doute la suprématie pour les étoffes de haute nouveauté, pour le grand façonné, sujet de notre orgueil et qui fait notre réputation. Il fallait aussi et surtout défendre la vie et la fortune d'une population formée à cette tâche au prix de quatre siècles de labeur, soutenir le poids d'un outillage puissant et mettre à profit tant de ressources longtemps accumulées. C'est pourquoi la fabrique lyonnaise a abordé tous les genres, depuis les draps de soie et les velours les plus épais jusqu'aux gazes et aux crêpes les plus légers. Elle a remis en faveur des étoffes d'ancien type et elle en a créé de nouvelles ; elle a eu recours à tous les artifices pour abaisser le prix au niveau imposé par les exigences de la vente ; elle a approprié les matières et les armures aux destinations des produits ; jamais non plus elle n'a étudié etmis à profit plus habilement les propriétés physiques de la soie différentes suivant la race, l'éducation ou le climat. Les étoffes unies ont été aussi renouvelées quant à la nature, à l'apparence et à la qualité que les étoffes relevées par un dessin tissé ou imprimé. On faisait la diversité et